Ils répondaient à l’appel de politiciens, de leaders religieux et d’entraîneurs de la Bundesliga, le championnat de football allemand. Plus de 100 000 personnes ont manifesté, samedi 20 janvier, à travers l’Allemagne contre le parti d’extrême droite l’Alternative pour l’Allemagne (AfD), dont des membres ont récemment discuté de l’expulsion massive d’étrangers lors d’un rassemblement d’extrémistes.
Quelque 35 000 personnes se sont rassemblées à Francfort, place forte de la finance allemande, derrière une banderole « Défendre la démocratie – Francfort contre l’AfD ». Un nombre similaire de manifestants ont convergé à Hanovre (Nord), certains brandissant des pancartes « Les nazis dehors ».
Des manifestations ont été signalées à Braunschweig, Erfurt, Kassel et dans de nombreuses autres villes plus petites, à l’image des mobilisations quotidiennes cette semaine. Au total, de vendredi à dimanche soir, des appels à manifester ont été lancés dans une centaine d’endroits, dont Berlin dimanche.
Attaque contre la démocratie
Le mouvement a été déclenché par la révélation le 10 janvier par le média d’investigation allemand Correctiv d’une réunion d’extrémistes à Potsdam, près de Berlin où, en novembre, un projet d’expulsion massive de personnes d’origine étrangère a été discuté. Parmi les participants se trouvaient une figure de la mouvance identitaire radicale, l’Autrichien Martin Sellner, et des membres de l’AfD.
Cette révélation a secoué l’Allemagne alors que l’AfD s’envole dans les sondages, à quelques mois de trois importantes élections régionales dans l’est du pays, où le parti compte le plus de partisans. Le mouvement anti-immigration a confirmé la présence de ses membres à la réunion, mais nié adhérer au projet de « remigration » porté par Martin Sellner.
Nombre de leaders politiques, dont le chancelier social-démocrate Olaf Scholz, qui a participé à une manifestation le week-end dernier, ont rappelé que tout plan visant à expulser des personnes d’origine étrangère était une attaque contre la démocratie. M. Scholz a appelé « chacun à prendre position – pour la cohésion, pour la tolérance, pour notre Allemagne démocratique ».
Friedrich Merz, le chef de l’Union chrétien-démocrate (CDU, conservateur), a jugé sur X « très encourageant que des milliers de personnes manifestent pacifiquement contre l’extrémisme ».
Mais, outre des membres de l’AfD, deux membres de la CDU, appartenant à la Werteunion, l’aile droite du parti, ont également participé à la réunion divulguée par Correctiv.
Le chef de la Werteunion, Hans-Georg Maassen, a annoncé samedi sa scission d’avec la CDU. Le groupe revendique 4 000 membres.