
LETTRE DE BERLIN

Dynastie millénaire à l’origine de la création de l’Etat-nation allemand à la fin du XIXe siècle, la famille royale des Hohenzollern suscite encore méfiance et scepticisme outre-Rhin. Elle demeure associée à la militarisation du pays à l’initiative de la Prusse avant la première guerre mondiale, et à l’engagement controversé de certains de ses représentants sous le IIIᵉ Reich. Les tentatives répétées de ses descendants d’obtenir la restitution de biens saisis, notamment après 1945, à des conditions perçues comme déraisonnables, ont achevé d’exaspérer une partie de l’opinion publique.
Un accord conclu le 13 juin entre l’Etat fédéral allemand, les représentants des Länder de Brandebourg et de Berlin, Georg Friedrich de Prusse, chef de la maison royale et arrière-arrière-petit-fils de l’empereur Guillaume II (1859-1941), et diverses organisations culturelles met toutefois un terme à une dispute engagée depuis plus d’un siècle autour des possessions des Hohenzollern. Et ambitionne de réconcilier le pays avec sa famille princière.
Au cœur du litige : le sort de plusieurs milliers d’objets d’art, tableaux de maître, livres, vaisselle, meubles et autres biens issus des quelque soixante-dix châteaux et autres villas ayant appartenu à la couronne de Prusse, aujourd’hui pour partie exposés dans des musées. Mais, surtout, en creux, la question du rôle joué par les Hohenzollern, en particulier par le Kronprinz Guillaume (1882-1951), fils aîné du Kaiser Guillaume II, dans la prise du pouvoir par Hitler. Ce sujet conditionnait en effet toute restitution des biens à la famille ou indemnisation, une loi fédérale interdisant le versement de fonds publics aux personnes ayant collaboré avec le régime nazi ou leurs descendants.
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