
L’affaire fait grand bruit en Algérie. Samedi 3 mai, l’universitaire Mohamed Lamine Belghit a été placé sous mandat de dépôt par le tribunal de Dar El Beïda, dans la capitale algérienne. Il est poursuivi pour « atteinte à l’unité nationale » et « incitation à la haine raciale » après avoir tenu des propos controversés sur l’amazighité sur Sky News Arabia, une chaîne émiratie.
Le 1er mai, cet historien, intellectuel réactionnaire connu en Algérie pour ses passages réguliers sur les plateaux de télévision, a assimilé l’amazighité – c’est-à-dire la dimension berbère du pays, consacrée par la Constitution – à un complot « colonial franco-sioniste ». Pour la justice, Mohamed Lamine Belghit contrevient à un fondement constitutionnel important en s’attaquant au tamazight, devenu en 2016 langue officielle de l’Algérie, à l’instar de l’arabe.
Ces propos, pourtant régulièrement tenus par les tenants d’une ligne islamo-conservatrice, ont cette fois-ci suscité une controverse importante sur les réseaux sociaux. De nombreux internautes ont appelé les autorités à agir avec la « même fermeté » que pour Boualem Sansal, arrêté en novembre et condamné fin mars, en première instance, à cinq ans de prison pour avoir tenu des propos sur l’appartenance de l’Ouest algérien au Maroc dans la revue française d’extrême droite Frontières. Avec un renversement notable : ceux qui dénonçaient l’incarcération de M. Sansal étaient en pointe pour exiger l’arrestation de M. Belghit. Et ceux qui s’étaient montrés critiques envers l’écrivain invoquaient, pour l’universitaire, le droit à la liberté d’opinion.
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