En Abkhazie, des manifestants envahissent le Parlement

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Des manifestants devant le Parlement d’Abkhazie, à Soukhoumi, le 15 novembre 2024.

La Russie veut-elle aller trop vite, trop loin en Abkhazie ? Cette région séparatiste prorusse de la Géorgie est secouée depuis quelques jours par des manifestations pour empêcher la ratification d’un accord permettant aux entreprises russes d’investir sur ce territoire, situé entre la mer Noire et les montagnes du Caucase.

Vendredi 15 novembre, des centaines de protestataires ont pris d’assaut le Parlement et un bâtiment de l’administration présidentielle, à Soukhoumi, la « capitale ». Les manifestants ont exigé la démission du président de cet Etat autoproclamé, Aslan Bjania. Les forces de l’ordre ont riposté en tirant du gaz lacrymogène, une première. Au moins treize personnes ont été blessées.

Samedi, Aslan Bjania s’est dit prêt à démissionner si les manifestants acceptaient de quitter les lieux. « Ceux qui ont tenté un coup d’Etat doivent libérer le complexe de bâtiments, après quoi, je suis prêt à organiser des élections, prêt à démissionner », a-t-il déclaré. Les dirigeants de l’opposition ont rejeté cet appel, affirmant qu’ils n’accepteraient que sa démission inconditionnelle, et appelant à de nouvelles manifestations. Dans un communiqué publié samedi, le Conseil de coordination de l’opposition estime qu’« Aslan Bjania recourt à des tentatives désespérées pour préserver son gouvernement » mais que « son règne est terminé ». Le dirigeant est accusé d’« enrichir sa famille et un cercle restreint de proches ».

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Plusieurs chaînes Telegram ont rapporté qu’Aslan Bjania avait accepté de démissionner, mais plus tard dans la journée, il s’est adressé à ses partisans depuis son village natal de Tamysh, à une quarantaine de kilomètres de Soukhoumi, où il aurait été escorté avec l’aide d’une unité militaire russe. « Je vous demande de ne pas céder aux provocations, a-t-il déclaré. Je suis ici, en Abkhazie, et nous continuerons à travailler. »

L’accord, signé fin octobre, permettrait aux Russes d’acheter des appartements en Abkhazie, dans les nombreuses villes balnéaires sur la côte de la mer Noire. Or, la vente de l’immobilier résidentiel aux étrangers est interdite depuis 1995 sur ce territoire séparatiste. L’accord, signé par le ministre russe de l’économie, Maxime Rechetnikov, et son homologue abkhaze, Kristina Ozgan, ne pourra entrer en vigueur que s’il est ratifié par le Parlement.

Une région pauvre, dépendante financièrement de Moscou

Selon Jelger Groeneveld, spécialiste de la politique étrangère du Caucase du Sud, les tensions sont révélatrices de la volonté de mainmise totale de Moscou sur ce petit territoire, peuplé de 240 000 habitants sur quelque 8 500 kilomètres carrés. « La Russie tente d’imposer une intégration de l’Abkhazie, mais celle-ci ne veut ni être absorbée, ni être prise en charge par Moscou, écrit-il sur le réseau social Bluesky. La société abkhaze souhaite suivre la voie de l’indépendance et ne considère Moscou que comme un partenaire nécessaire pour [la] garantir vis-à-vis de la Géorgie. Elle ne veut pas devenir une colonie de la Russie. »

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