Emmanuel Macron au Maroc pour une visite de réconciliation

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Emmanuel Macron et le roi Mohammed VI à Rabat, le 28 octobre 2024.

Emmanuel Macron est arrivé lundi au Maroc, où il a été accueilli en grande pompe par le roi Mohammed VI, pour une visite d’Etat visant à retisser des liens historiques profondément distendus par trois ans de brouilles.

Accompagné par son épouse, Brigitte Macron, et une pléthorique délégation de ministres, patrons d’entreprise, intellectuels ou personnalités du spectacle, le président français a été salué à sa descente d’avion, à l’aéroport de Rabat-Salé, par une longue poignée de main du monarque, vêtu d’un costume sombre et s’appuyant sur une canne. Le prince héritier Moulay Hassan et le prince Moulay Rachid, frère du roi, étaient également présents.

Les deux chefs d’Etat devaient ensuite rejoindre à bord d’une voiture d’apparat le palais royal à travers les rues de Rabat, la capitale, pavoisées aux couleurs de la France et bordées d’une foule nombreuse.

Après une cérémonie solennelle d’accueil, place du Mechouar, ils auront un tête-à-tête suivi de la signature d’accords dans les domaines de l’énergie, de l’eau, de l’éducation et de la sécurité intérieure. « Nous entendons refonder [notre relation] mais aussi nous projeter dans les décennies qui viennent » en plaçant la « barre très haut », a promis le chef de la diplomatie française, Jean-Noël Barrot, dans un entretien accordé à La Tribune Dimanche.

« Visite historique », écrit quant à lui l’éditorialiste du journal marocain Assabah, Khalid El Hourri. « Des sujets difficiles seront abordés, notamment la question de l’immigration, devenue une obsession en France (…), mais cette discussion difficile est surmontable », renchérit Mokhtar Laghzioui, dans le quotidien Al Ahdath Al Maghribia.

Pas moins de neuf ministres sont du voyage, dont ceux de l’intérieur, Bruno Retailleau, de l’économie, Antoine Armand, de l’éducation nationale, Anne Genetet, et de la culture, Rachida Dati, d’origine marocaine. Les dirigeants des groupes français Engie, Alstom, Safran, TotalEnergies, CMA CGM, Suez, Veolia et Thales Alenia Space seront présents. Le monde culturel franco-marocain sera aussi à l’honneur, des écrivains Tahar Ben Jelloun et Leïla Slimani à l’humoriste Djamel Debbouze et l’acteur Gérard Darmon.

« Cause sacrée » du Sahara occidental

Les deux chefs d’Etat entendent tirer un trait sur une série de contentieux, des soupçons d’écoutes téléphoniques d’Emmanuel Macron à la diminution par deux du nombre de visas accordés aux Marocains en 2021-2022. Paris cherche en outre à pousser Rabat à autoriser le rapatriement de ses ressortissants en situation irrégulière expulsés de France. La priorité accordée par le président français à l’Algérie après sa réélection en 2022 avait aussi jeté un froid, alors que les deux puissances du Maghreb nourrissent une profonde rivalité. L’ex-colonie espagnole du Sahara occidental, considérée comme un « territoire non autonome » par l’ONU, oppose depuis un demi-siècle le Maroc aux indépendantistes du Front Polisario, soutenus par Alger. Après la reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur ce territoire par Washington, Rabat a multiplié les pressions sur la France pour qu’elle en fasse autant.

Ces multiples secousses ont sans cesse conduit à repousser la visite d’Etat d’Emmanuel Macron, envisagée début 2020, après un premier déplacement en 2017 et un autre en 2018. Le président français a finalement tranché en juillet en faveur d’un réchauffement avec le Maroc, où la France compte d’importants intérêts économiques, en se prononçant pour un règlement du contentieux sahraoui « dans le cadre de la souveraineté marocaine ».

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« La cause du Sahara est une cause sacrée au Maroc (…). La France a traîné les pieds à cause de l’Algérie bien sûr », a estimé lundi Tahar Ben Jelloun sur France Inter. Emmanuel Macron a « failli tout perdre », a-t-il affirmé. « Il ne peut pas être ami avec les deux, c’est très difficile, les autres chefs d’Etat français sont passés par là. »

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Contrats en vue

Rabat espère que ce réalignement de la position française va se traduire par des investissements sonnants et trébuchants dans ce pays aux énormes ressources halieutiques, solaires, éoliennes et en phosphates. La visite pourrait aussi donner lieu à une pluie de contrats, même si les deux parties sont restées discrètes sur les négociations. Airbus Helicopters pourrait ainsi vendre de 12 à 18 Caracal aux forces armées marocaines, selon des sources concordantes. La France espère aussi rester le prestataire privilégié du Maroc pour l’extension de la ligne de train à grande vitesse entre Tanger et Agadir, après l’inauguration en grande pompe du premier tronçon en 2018.

Concernant l’immigration, le nouveau gouvernement français veut contraindre le Maroc à reprendre ses ressortissants arrêtés en situation irrégulière, mais après la crise des visas, Paris promet d’avancer dans un esprit de dialogue. « Dans les pays d’origine de l’immigration en France, le Maroc est à la première place », a souligné l’ex-préfet et figure du parti Les Républicains Patrick Stefanini sur BFM-TV, tout en espérant que cette visite ne se traduise pas « par une dégradation forte de nos relations avec l’Algérie ».

Le Monde avec AFP

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