« Ecrire, c’est transformer les contraintes de la langue en ressources pour la pensée »

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Au milieu de propos particulièrement inquiétants, le premier ministre, François Bayrou, a proposé récemment de « reconquérir l’écrit » à l’école et d’en faire une priorité de l’éducation nationale (entretien sur LCI, le 27 janvier). Il a dit craindre que cette suggestion apparaisse un peu « réac » ! Rassurons-le : il y avait des affirmations bien plus « réacs » dans cet entretien… et sa proposition sur l’écrit, qu’on voudrait voir reprise et concrétisée très vite, constitue, elle, une belle promesse d’avenir en matière éducative.

D’abord parce qu’elle rompt avec la logique d’imposition et de sanction qui domine aujourd’hui dans le champ éducatif : séparation des « mauvais élèves » dans des groupes de niveau, interdiction des téléphones portables sans la moindre recherche d’alternatives à la fascination pour les écrans, menaces d’exclusion à toute infraction, pénalisation des familles « démissionnaires », exhortations à la restauration d’une autorité qu’aucun professeur n’a jamais abandonnée délibérément et dont il est urgent de construire collectivement les conditions.

Mais on en est loin : quand les parents ne sont plus considérés comme des citoyens mais comme des clients, quand les métiers de l’enseignement manquent à ce point de reconnaissance salariale et symbolique comme de formation initiale et continue, quand les médias populistes déversent à longueur d’antenne leur mépris pour la recherche et la culture… les appels au respect de l’autorité des professeurs ne sont évidemment qu’un vœu pieux.

Il est temps de changer de logiciel et de s’attaquer aux problèmes de fond : l’entrée dans l’écrit en est un, et de toute première importance. Il requiert même, de toute urgence, une mobilisation scolaire et sociétale d’ampleur. Il ne suffit pas, en effet, de répéter en boucle que lire, écrire et compter sont des « fondamentaux », il faut faire, partout et pour toutes et tous, de l’accès à l’écriture un moyen d’émancipation.

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