« Donald Trump se trompe quand il juge qu’un cessez-le-feu partagé serait un pas de géant vers la fin de la guerre entre Moscou et Kiev »

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Rendons à Donald Trump ce qui lui revient : les Etats-Unis ont obtenu – extorqué, diront certains – l’accord de l’Ukraine pour un cessez-le-feu temporaire avec la Russie. Et accordons à Kiev d’avoir résisté pied à pied, depuis dix jours, avant de se ranger à une proposition de Washington qui leur est la moins défavorable possible.

Analysé à chaud, le document signé mardi 11 mars à Djedda, en Arabie saoudite, marque au minimum un début d’amélioration dans les relations américano-ukrainiennes. Si Moscou y adhère à son tour, l’arrêt des combats peut être le prélude à des négociations de paix – après trois ans d’une guerre aussi meurtrière que destructrice. Mais celles-ci seront autrement plus difficiles que les conversations de ces derniers jours au bord de la mer Rouge.

Trump se trompe quand il juge, comme il le disait mardi, qu’un cessez-le-feu partagé serait un pas de géant vers la fin du conflit : « Ce serait 75 % du chemin. Le reste consiste à documenter cela et à négocier les positions territoriales. » Une affaire notariale, en somme.

La réponse de Moscou sera une indication des capacités de la Maison Blanche à peser sur les choix du Kremlin. Avec cette administration républicaine, qui a pris le parti des Russes, Vladimir Poutine a déjà beaucoup obtenu. Réécriture de l’histoire en posant l’Ukraine comme responsable de la guerre. Début de délégitimation du président Volodymyr Zelensky qualifié par Trump de « dictateur ». Non à une éventuelle entrée de l’Ukraine dans l’OTAN. Non à une force de l’OTAN pour surveiller l’application du cessez-le-feu puis d’un accord de paix – aux Européens de s’en débrouiller. Acquiescement préalable à l’amputation de 20 % du territoire ukrainien.

Installer un pouvoir à la botte de Poutine

Des garanties de sécurité, en échange, pour Kiev ? Cette question, celle des « garanties de sécurité », c’est « 2 % du problème », croit Trump. Mauvaise foi ou angélisme, il imagine que le régime de Poutine ne va pas attaquer un pays dont les Etats-Unis exploitent le sous-sol : le « roi de la négociation » vante les vertus stratégiques de l’accord que Washington va signer sur l’extraction des terres rares ukrainiennes.

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