
Les relations entre les Etats-Unis et le Canada sont de nouveau au plus bas. Le président américain, Donald Trump, a décidé, jeudi 23 octobre au soir, de rompre immédiatement les négociations commerciales avec son pays voisin, en raison d’une campagne publicitaire canadienne contre la hausse des droits de douane entre les deux pays.
« Compte tenu de leur comportement scandaleux, toutes les négociations commerciales avec le Canada sont pas la présente rompues », a publié Donald Trump, en lettres capitales, sur son réseau, Truth Social.
Le républicain accuse les autorités canadiennes de détourner les propos de son prédécesseur Ronald Reagan (1981-1988). « La Fondation Ronald Reagan vient d’annoncer que le Canada a utilisé de manière frauduleuse une publicité, qui est fausse, dans laquelle Ronald Reagan s’exprime négativement sur les droits de douane », rapporte Donald Trump dans son message.
Il fait référence à la campagne publicitaire financée par la province canadienne d’Ontario, pour environ 75 millions de dollars, afin de convaincre les électeurs républicains américains, selon plusieurs médias. Mais il accuse les autorités canadiennes d’avoir « agi ainsi uniquement pour influencer la décision de la Cour suprême des Etats-Unis et d’autres tribunaux », devant lesquels est contestée la légalité des décrets du président américain ayant déclenché ces hausses douanières.
Un accord était en cours de négociation
Plus tôt jeudi, la Fondation Ronald Reagan a déclaré, sur X, que la campagne publicitaire canadienne avait utilisé « de manière sélective des extraits audio et vidéo » d’un discours radiophonique sur le commerce de l’ancien président républicain en avril 1987. Selon la fondation, la publicité « déformait » les propos de Ronald Reagan, ajoutant qu’elle « examinait ses options juridiques dans cette affaire ».
Dans un message publié sur X la semaine dernière, Doug Ford, le premier ministre de l’Ontario, publiait un lien vers la publicité en question, accompagnée du message : « C’est officiel : la nouvelle campagne publicitaire de l’Ontario aux Etats-Unis est lancée. » Il ajoutait : « En utilisant tous les outils à notre disposition, nous ne cesserons jamais de plaider contre les tarifs américains imposés au Canada. La prospérité passe par la collaboration. »
Plus des trois quarts des exportations canadiennes sont destinées aux Etats-Unis, et près de 3,6 milliards de dollars canadiens (2,2 milliards d’euros) de biens et de services traversent la frontière chaque jour.
Un accord commercial entre Ottawa et Washington portant sur l’acier, l’aluminium et l’énergie semblait pouvoir être conclu, selon le Globe and Mail, avant la rencontre prévue entre le premier ministre canadien, Mark Carney, et Donald Trump lors du sommet de la Coopération économique Asie-Pacifique (APEC), à la fin du mois d’octobre. Interrogé à ce sujet mardi, Mark Carney n’avait pas nié ni confirmé l’imminence de cette possible entente. « On verra, avait-il dit devant les journalistes. Nous sommes dans les négociations intensives à ce moment-ci. »
Mark Carney avait rencontré début octobre le président Trump à la Maison Blanche pour tenter d’avancer vers une résolution du conflit, mais n’avait obtenu aucune concession publique.
L’industrie automobile canadienne particulièrement touchée
Environ 85 % des échanges transfrontaliers restent exempts de droits de douane, les Etats-Unis et le Canada continuant d’adhérer au traité de libre-échange nord-américain (Aceum). Mais les droits de douane sectoriels mondiaux imposés par Donald Trump, en particulier sur l’acier, l’aluminium et les automobiles, ont durement touché le Canada, entraînant des pertes d’emplois et mettant les entreprises sous pression.
L’industrie automobile du Canada emploie environ 125 000 travailleurs, dont la vaste majorité se trouve dans la province de l’Ontario. En 2024, environ 1,3 million de véhicules légers ont été produits au Canada, dont 1,1 million exportés vers les Etats-Unis.
Le groupe Stellantis a annoncé, en octobre, le transfert de la production du Jeep Compass de l’Ontario vers l’Illinois, dans le Midwest américain. Le gouvernement canadien a répliqué, jeudi, en imposant des restrictions d’importations à Stellantis ainsi qu’à General Motors, qui avait également annoncé vouloir annuler ou relocaliser sa production.
« Cette mesure fait suite à la décision inacceptable des constructeurs automobiles de réduire leur présence manufacturière au Canada », a déclaré le ministère des finances dans un communiqué, soulignant que les deux multinationales « contreviennent à leurs obligations légales ».



















