Donald Trump et Kamala Harris à la conquête des patrons

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La vice-présidente américaine, Kamala Harris, à Pittsburgh (Pennsylvanie), le 25 septembre 2024.

Il y a, bien sûr, l’éléphant dans la pièce : Elon Musk, l’homme le plus riche du monde, qui n’en finit pas de faire campagne pour Donald Trump, à coups de millions de dollars (75, jusqu’à présent, soit 59 millions d’euros) mais aussi de meetings et de messages incessants sur son réseau social X. Il y a également les financiers de Wall Street : Stephen Schwarzman, PDG fondateur de Blackstone, l’un des rares à soutenir Trump en 2016, ou encore le patron du Hedge Fund Pershing, Bill Ackman, devenu trumpiste après l’attaque terroriste du Hamas contre Israël. Enfin, on trouve des héritiers, telle l’Israélo-Américaine Miriam Adelson, veuve d’un magnat des casinos et grande défenseure de Benyamin Nétanyahou.

Mais, derrière ces protagonistes habituels, c’est le calme plat. Le PDG de JP Morgan, Jamie Dimon, « boss » de Wall Street, avait préparé le terrain à un retour de Trump en janvier. « Soyez honnêtes. Il avait assez raison à propos de l’OTAN. Il avait assez raison à propos de l’immigration, il a plutôt bien fait croître l’économie. La réforme fiscale a fonctionné. Il avait raison en partie sur la Chine », avait lâché M. Dimon, lors du Forum de Davos, en Suisse. Depuis, il s’est bien gardé de le soutenir. Le patron de Hedge Fund Citadel, Ken Griffin, qui avait soutenu à la primaire ses opposants républicains, le gouverneur de Floride, Ron DeSantis, puis l’ancienne ambassadrice à l’Organisation des Nations unies Nikki Haley, n’ont finalement pas aidé Trump.

Et lorsqu’on quitte le monde de la finance pour les grandes entreprises industrielles et de services américains, le silence est assourdissant. « Pratiquement aucun grand PDG américain ne soutient Donald Trump. Et si l’idée contraire est répétée dans la presse internationale, c’est à cause de leur propagande. Mais demandez-leur d’en nommer cinq, d’en nommer trois, d’en nommer deux. Il n’y a pas un seul PDG sur la liste des 100 premières entreprises de Fortune qui soutient Trump », nous confie Jeffrey Sonnenfeld, professeur de la prestigieuse école de management de Yale et président fondateur du Chief Executive Leadership Institute, spécialisé sur les dirigeants d’entreprise.

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Donald Trump était donné gagnant contre Joe Biden, mais le duel avec sa successeure impose la prudence. Kamala Harris n’est pas Joe Biden. Le président sortant tenait un discours ouvriériste, très favorable aux syndicats. Il était déterminé face aux entreprises avec une politique antitrust agressive, une dénonciation de leurs marges jugées excessives et la volonté d’augmenter leurs impôts. Même si elle n’a guère amendé le programme le plus à gauche depuis un demi-siècle de Joe Biden, Kamala Harris entend incarner l’ascension sociale des classes moyennes et se montre plus favorable au monde des affaires, invoquant ses racines californiennes quand elle s’adresse aux entreprises de la tech. Elle pourrait ne pas reconduire la très à gauche patronne de l’antitrust Lina Kahn, détestée dans la Silicon Valley, y compris par les grands donateurs du Parti démocrate comme le cofondateur de LinkedIn Reid Hoffman.

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