
La meilleure chose qui soit arrivée à l’OTAN, c’est Vladimir Poutine, dit-on à Bruxelles depuis le 24 février 2022. Sous le choc de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, cette alliance de défense transatlantique que le président français, Emmanuel Macron, avait dite « en état de mort cérébrale » en 2019 s’est renforcée et étendue. Donald Trump est-il aujourd’hui la meilleure chose qui puisse arriver à l’Europe, que le même président français déclarait – décidément – « en danger de mort » il y a un an ?
Paradoxalement, la réponse pourrait être oui. Il a fallu l’ivresse de pouvoir d’un vieux dealmaker de l’immobilier devenu président des Etats-Unis, assortie de la brutalité d’un diplômé de Yale de 40 ans – J. D. Vance – passé par la guerre d’Irak, qui cumule désormais les fonctions de vice-président, d’idéologue illibéral et de molosse, pour réveiller enfin l’Europe assoupie. Pendant vingt ans, les Européens ont refusé de tirer les conséquences d’une évolution pourtant constante outre-Atlantique, celle d’un repli américain doublé d’une obsession à l’égard de la puissance chinoise. Cinq semaines de tornade Trump nouvelle version les ont sortis de leur léthargie. Pour de bon.
L’invasion de l’Ukraine leur avait ouvert les yeux sur les vrais desseins de la Russie – du moins pour ceux qui les avaient ignorés. Le basculement subit de Washington en faveur de Moscou, impulsé par Donald Trump sous prétexte de mettre fin à la guerre en Ukraine, les a contraints à regarder les Etats-Unis non plus comme un allié mais comme un adversaire.
L’Occident est un concept révolu. Le président des Etats-Unis affirme que l’Union européenne (UE) a été créée pour « foutre en l’air » son pays. A l’Ouest comme à l’Est, l’Europe est aujourd’hui entourée de puissances hostiles qui s’appuient sur la force – qu’elle n’a guère – et méprisent le droit – qu’elle vénère. Au Sud, elle tente de renouer avec des puissances ascendantes dont la plupart lui font grief de son passé colonial.
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