Pas encore investi, Donald Trump fait déjà fi de la séparation des pouvoirs aux Etats-Unis. Le président élu a demandé, dimanche 10 novembre, aux sénateurs de le dispenser de leur approbation, en principe obligatoire, pour nommer les plus hauts responsables de sa future administration.
Un article de la Constitution américaine lui permet, certes, de procéder à des nominations sans qu’elles soient approuvées par le Sénat quand ce dernier n’est pas en session. Cette disposition est néanmoins rarement activée, les sénateurs s’arrangeant pour siéger au moment des nominations et exercer ainsi leur pouvoir de contrôle sur l’exécutif.
Si le Parti républicain a regagné la majorité au Sénat, qui se réunira en janvier pour prêter serment, les élus démocrates pourraient tout de même ralentir le processus d’approbation des nominations.
« Parfois, les votes peuvent prendre deux ans ou plus. C’est ce qu’ils ont fait, il y a quatre ans, et nous ne pouvons pas laisser cela arriver de nouveau », s’est insurgé dimanche, sur X, le président élu. « Tout sénateur républicain visant à prendre la place convoitée de chef de file au Sénat américain doit accepter des nominations » hors des sessions parlementaires, a-t-il mis en garde.
Soutien de sénateurs républicains
Le message a été reçu cinq sur cinq par les trois sénateurs en campagne pour ce poste. Tous ont aussitôt rivalisé de servilité à l’égard de Donald Trump. « D’accord à 100 %. Je ferai n’importe quoi pour que vos nominations [soient approuvées] le plus vite possible », a écrit Rick Scott, sénateur élu en Floride, soutenu par les milliardaires Vivek Ramaswamy et Elon Musk et d’autres alliés de Donald Trump pour chapeauter les élus du parti au Sénat.
« Nous devons agir vite et de manière décisive pour que les personnes nommées par le président soient approuvées et toutes les options sont sur la table, dont celle de nomination lors d’une pause parlementaire », a, de son côté, déclaré John Thune, élu du Dakota du Sud, actuel numéro deux des républicains au Sénat.
« Il est inacceptable que les sénateurs démocrates bloquent » les nominations a, pour sa part, déclaré John Cornyn, du Texas. « S’ils le font, nous resterons en session même les week-ends jusqu’à ce qu’ils cèdent. Et la Constitution donne au président le pouvoir de procéder à des nominations pendant les pauses », a-t-il ajouté.
Un tenant de la ligne dure chargé du contrôle de l’immigration
Le Sénat américain examine et confirme par un vote, d’abord en commission, puis en séance plénière, les nominations des ministres, de leurs adjoints, mais aussi des ambassadeurs, des responsables militaires, des directeurs des multiples agences fédérales et des juges, notamment ceux de la Cour suprême. « Aucun juge ne doit être approuvé » avant que les républicains aient choisi leur leader et pris leurs fonctions au Sénat, a ajouté Donald Trump, dimanche.
Dimanche, le président élu a annoncé le retour de Thomas Homan, un tenant de la ligne dure, à la tête du Service de l’immigration et des douanes (ou ICE, pour Immigration and Customs Enforcement ). « J’ai le plaisir de vous annoncer que l’ancien directeur de l’ICE et pilier du contrôle des frontières, Tom Homan, rejoindra l’administration Trump, où il sera chargé des frontières de notre pays (“Le Tsar des frontières”) », a écrit le milliardaire républicain sur son réseau Truth Social.