

Donald Trump est arrivé, mardi 16 septembre dans la soirée, pour sa deuxième visite d’Etat au Royaume-Uni, en se réjouissant de « l’honneur » qui lui était fait. Juste avant de quitter la Maison Blanche, le président américain a affirmé, lors d’un échange avec des journalistes, que l’un des objectifs de son voyage était d’« affiner » l’accord commercial conclu avec le Royaume-Uni, et assuré que le roi Charles III était un « ami de longue date ».
L’avion présidentiel Air Force One s’est posé peu après 21 heures (22 heures à Paris) à l’aéroport londonien de Stansted. Donald Trump a ensuite pris un hélicoptère avec son épouse, Melania, pour aller passer la nuit à la résidence de l’ambassadeur américain à Londres.
Des milliers de manifestants ont prévu de protester à Londres contre sa venue, mais le président de 79 ans, très impopulaire au Royaume-Uni, évitera la capitale. Protégé par un dispositif de sécurité massif, sur terre, dans les airs et sur la Tamise, Donald Trump doit rester confiné mercredi dans l’enceinte du château de Windsor, à 40 kilomètres de Londres, pour la partie royale de ce voyage d’Etat. Même la traditionnelle procession en calèche aura lieu dans le parc de Windsor, évitant les rues de la petite ville.
Donald Trump rencontrera ensuite jeudi le premier ministre, Keir Starmer, à Chequers, sa résidence officielle de campagne, à 70 kilomètres de Londres, pour un volet plus politique et économique, avant de repartir le soir même.
Un niveau de sécurité inédit depuis le couronnement de Charles III
« Nous avons planifié une opération policière et sécuritaire très complète, qui a pris en compte à peu près toutes les éventualités », a dit lundi à la presse Christian Bunt, commissaire adjoint de la Thames Valley Police, chargée de la région où se trouvent Windsor et Chequers. « Un large éventail de mesures de sécurité » a été mis en place : « Beaucoup seront visibles par le public, mais d’autres ne le seront pas », a prévenu la Thames Valley Police.
Autour du château de Windsor, de hautes barrières ont été installées, bloquant l’accès au parc et cachant en grande partie la vue. Selon la BBC, des équipes spécialisées du MI5 (renseignements intérieurs), de la police et des unités antiterroristes travaillent en étroite collaboration avec les services secrets américains, dont certains membres seront autorisés pour l’occasion à porter des armes à feu sur le sol britannique.
Les mesures de sécurité comprennent des drones de la police dans les airs, des tireurs d’élite sur les toits, des bateaux de patrouille sur la Tamise, une équipe d’assaut aérienne prête à intervenir. Que ce soit dans les airs, au sol ou sur l’eau, les opérations de sécurité sont exceptionnelles. Plusieurs médias soulignent qu’un tel niveau de sécurité est inédit depuis le couronnement du roi Charles III en 2023.
Amortir l’impact des droits de douane
Selon certains médias britanniques, le roi Charles III, 76 ans, toujours soigné pour un cancer, n’était pas emballé à l’idée de réinviter l’imprévisible président américain, qui avait déjà eu les honneurs d’une première visite d’Etat en 2019, accueilli par la reine Elizabeth II. Mais le gouvernement travailliste entend capitaliser sur la fascination de Donald Trump pour la famille royale, et ainsi renforcer la « relation spéciale » historique entre Londres et Washington.
Cette visite représente « un moment très important » pour les deux hommes, estime Evie Aspinall, directrice du centre de réflexion British Foreign Policy Group. Donald Trump, dont la mère était écossaise, pourra « savourer le faste et le cérémonial qu’il affectionne », souligne-t-elle. Pour Keir Starmer, « c’est l’occasion de détourner l’attention du mécontentement » dans le pays, « et de braquer les projecteurs sur les questions internationales, où il a connu le plus de succès en tant que premier ministre », ajoute-t-elle.
Cette visite doit aussi acter au moins 10 milliards de livres (11,56 milliards d’euros) d’investissements américains au Royaume-Uni dans la tech, le secteur bancaire et le nucléaire, lorsque Keir Starmer recevra Donald Trump à Chequers. Le grand groupe américain Microsoft a déjà annoncé mardi un investissement de 30 milliards de dollars (25 milliards d’euros), notamment pour construire le « plus grand supercalculateur » du Royaume-Uni.
Le premier ministre britannique cajole le président américain depuis que ce dernier est revenu au pouvoir, en janvier. Cette stratégie lui a permis d’amortir l’impact des droits de douane et de garder une ligne de communication avec le locataire du bureau Ovale sur l’Ukraine, au menu des discussions, ou sur Gaza.
Garde d’honneur
Pour cette deuxième visite d’Etat, rien ne sera trop beau pour divertir Donald Trump et son épouse, Melania. En fin de matinée mercredi, le couple sera accueilli en grande pompe par le roi et la reine Camilla à Windsor. Une salve royale sera tirée du château et de la tour de Londres en leur honneur, avant que le roi, la reine, le prince héritier William et son épouse, Kate, se joignent à eux pour la procession en calèche.
Une garde d’honneur, avec trois régiments de la garde royale accueillera ensuite Donald et Melania Trump avec fanfare, tambours et cornemuses dans la cour carrée du château. Donald Trump passera en revue cette garde d’honneur, avant un déjeuner en privé avec la famille royale. Une autre cérémonie militaire, avec un survol de la patrouille acrobatique des Red Arrows précédera le traditionnel banquet royal avec quelque 150 invités.
« Je veux passer un bon moment et respecter le roi Charles, qui est un vrai gentleman », avait déclaré en juillet Donald Trump à propos de cette visite. Cette visite d’Etat verra « l’amitié indestructible » entre les deux pays « atteindre de nouveaux sommets », a promis Downing Street. Elle survient cependant à un moment délicat pour Keir Starmer, contesté au sein même de son parti après deux semaines calamiteuses qui ont vu le départ de sa numéro deux, Angela Rayner, et le limogeage de son ambassadeur à Washington, Peter Mandelson, après des révélations sur ses liens étroits avec le criminel sexuel américain Jeffrey Epstein. Un sujet dont Donald Trump aurait préféré qu’il ne traverse pas l’Atlantique, car il fut lui aussi un temps proche de M. Epstein, mort en prison, et l’affaire l’empoisonne depuis de longues semaines.