Dominique Versini nommée Défenseure des enfants auprès de la Ville

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Dominique Versini, à Paris, en août 2016.

Secouée par une multiplication de signalements pour violences sexuelles dans le périscolaire, la mairie de Paris a nommé, jeudi 4 décembre, une Défenseure des enfants présentée comme « indépendante », censée apaiser la tension alors que la ville est pointée du doigt pour des manquements.

« Je serai la garante de l’intérêt supérieur des enfants et à l’écoute des familles dont les attentes vis-à-vis de l’administration sont légitimes », a assuré Dominique Versini, 71 ans, nommée au poste de Défenseure par la maire socialiste Anne Hidalgo, dont elle était jusqu’à jeudi l’ajointe depuis dix ans.

L’ancienne défenseure des enfants au niveau national (2006-2011) sera chargée de recevoir les saisines des enfants et de leurs parents, de les instruire, de faire des recommandations à la Ville et de les orienter vers la justice en cas de « situation de danger d’un enfant », explique la mairie.

Cette nouvelle fonction, présentée comme « indépendante de l’administration et de l’exécutif », a été créée dans le cadre d’un plan de lutte contre les violences sexistes et sexuelles faites aux enfants dans les écoles, qui prévoit aussi un renforcement de la formation et du contrôle dans le recrutement des animateurs du périscolaire.

Le plan a été adopté en novembre au Conseil de Paris dans un climat politique agité à quatre mois des municipales, l’opposition accusant la majorité socialiste « d’inaction » alors que les signalements se multipliaient dans le périscolaire. En 2025, seize animateurs ont été suspendus pour des suspicions de faits à caractère sexuel, tandis que quinze enquêtes ont été ouvertes pour des agressions sexuelles présumées, révélait en novembre la procureure spécialisée mineurs du parquet de Paris, Lisa-Lou Wipf.

« Recrudescence importante » des signalements

La magistrate pointait « une recrudescence importante » des signalements visant principalement des animateurs du périscolaire à Paris – qui dépendent de la mairie. Cette « augmentation très nette » est « spécifiquement parisienne », relève la procureure, mais ne signifie pas, selon elle, que les enfants sont « plus victimes à Paris qu’ailleurs », ni que « les professionnels soient moins bien intentionnés à Paris qu’ailleurs ».

La concentration des cas dans des écoles du 11e arrondissement a néanmoins suscité des interrogations chez les parents d’élèves sur des dysfonctionnements dans le recrutement et le contrôle des personnels, régis par des procédures propres à l’arrondissement.

« Il y a de la sidération et de la colère chez les parents, principalement [envers] la mairie », a relaté à l’Agence France-Presse (AFP) Grégory Makowski, président de l’union locale du 11e arrondissement de la fédération de parents d’élèves FCPE. « Le plan de la mairie, pour l’instant, ce sont des annonces, avec peu de précisions opérationnelles. Il prévoit par exemple des contrôles, or il y en a déjà », a-t-il commenté. La nomination de Dominique Versini a été accueillie de manière mitigée, certains parents y voyant un « parachutage » d’Anne Hidalgo, rapporte Grégory Makowski.

« La ville confie la question du périscolaire parisien à celle qui a failli sur tout depuis dix ans », a taclé Nelly Garnier, conseillère (Les Républicains) du 11e arrondissement, auprès de l’AFP. « C’est bien Dominique Versini, adjointe aux droits des enfants et à la protection de l’enfance depuis 2014, qui n’a pas tenu compte des recommandations du rapport de l’inspection générale de la Ville de Paris de 2015 alertant sur le risque de violences sexuelles dans le périscolaire et formulait des recommandations qui n’ont pas été appliquées », a affirmé l’élue, également porte-parole de campagne de Rachida Dati.

Mercredi, dans un entretien au Figaro, la candidate LR à la Mairie de Paris a dénoncé le « déni » et « l’inaction » du premier adjoint à la maire de Paris, Patrick Bloche, auquel son groupe avait demandé en juillet une enquête administrative globale sur l’ensemble du périscolaire, sans réponse. Les syndicats du secteur estiment, de leur côté, que le plan de la mairie contient de bonnes mesures, mais qui pour certaines « arrivent trop tard », comme l’a dit à l’AFP Nicolas Léger du Supap-FSU.

Depuis le 10 novembre, le périscolaire parisien est perturbé par une grève des animateurs, à l’appel des syndicats Supap-FSU, CFDT et CGT, qui réclament le recrutement de personnels qualifiés en nombre suffisant, notamment des animateurs consacrés et formés au change des enfants. Le secteur compte seulement 2 500 adjoints d’animation et 1 000 animateurs contractuels, contre 8 500 vacataires au statut précaire.

Le Monde avec AFP

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