Deux policiers mis en examen pour avoir frappé un manifestant, qui avait ensuite subi une amputation

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Deux policiers soupçonnés d’avoir frappé un homme lors d’une manifestation contre la réforme des retraites en janvier 2023 à Paris ont été mis en examen, a fait savoir le parquet, mardi 4 février, confirmant une information de Libération.

Les deux fonctionnaires de police, Pierre-Yves D. et Guillem C., ont été mis en examen le 16 avril 2024 et placés sous contrôle judiciaire, a-t-il précisé. L’avocate de l’un d’eux n’a pas souhaité réagir ; le conseil du second n’a pas répondu à l’Agence France-Presse (AFP).

Une information judiciaire avait été ouverte le 23 avril 2023 « pour enquêter sur des faits susceptibles d’être qualifiés de violence avec arme par personne dépositaire de l’autorité publique, ayant entraîné une incapacité de travail permanente », a détaillé le parquet.

Le 19 janvier 2023, la victime, un ingénieur franco-espagnol de 26 ans vivant à la Guadeloupe, a d’abord été jetée au sol par un policier, selon son récit relaté à l’époque à l’AFP par son avocate, Lucie Simon. Sur des clichés ayant circulé sur les réseaux sociaux après les faits et des vidéos diffusées notamment par BFM-TV et AB7 Média, on voyait un autre policier donner un coup de matraque à l’entrejambe du jeune homme, au sol et tenant un appareil photo dans une main.

Cette scène s’était déroulée lors de heurts entre manifestants et forces de l’ordre, près de la place de la Bastille, avec jets de projectiles et usage de gaz lacrymogène. Le jeune homme avait été hospitalisé et amputé d’un testicule. Il avait déposé une plainte avec constitution de partie civile le 23 janvier 2023, selon le parquet.

« Descente aux enfers »

Depuis ces violences, « c’est une descente aux enfers qui n’en finit plus avec des conséquences par ricochets tant psychologiques que physiques », a réagi auprès de l’AFP Mme Simon. L’ingénieur, âgé désormais de 28 ans, « a perdu son travail, il se désociabilise totalement », a-t-elle ajouté.

Elle regrette par ailleurs que les courriers de son client au juge d’instruction « restent sans réponse ». « La procédure est au point mort alors qu’on a une identification des policiers et des faits avec les vidéos et les différents angles quasiment immédiats. Je ne m’explique pas que ça n’aille pas plus vite », a-t-elle souligné.

Cette manifestation parisienne avait rassemblé entre 80 000 personnes et 400 000 personnes, selon les sources. La réforme des retraites, adoptée au forceps en mars 2023, avait entraîné quatorze journées de mobilisation réunissant entre 1,28 million et 3 millions de manifestants.

Le Monde

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