Des soirées sans portable pour sortir de sa bulle

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Aux soirées du Offline Club, les portables (éteints) sont laissés à l’entrée. Ici, au Griffon, un bar du Marais, à Paris, le 5 novembre.

Une grande boîte métallique est posée à l’entrée du café-bar Griffon, dans le Marais, à Paris. A l’intérieur, soixante cases alignées fermant à clé. En arrivant, les clients y glissent leur téléphone avec entrain. C’est précisément pour cela qu’ils ont payé 9,50 euros : passer deux heures en bonne compagnie, sans aucun smartphone ni écran. Le 5 novembre, la première soirée du Offline Club en France a affiché complet.

Cette idée d’événements sans téléphone est née d’un constat simple, explique Ilya Kneppelhout, 26 ans, l’un des trois fondateurs néerlandais du Offline Club : « Nous souhaitons tous davantage d’échanges entre les personnes, mais nous ne savons plus comment nous y prendre, les applications ­capturent notre attention, elles sont conçues pour nous rendre dépendants. »

Il est 18 heures, la soirée démarre. « Vous êtes des pionniers, soyez fiers de vous », encourage IIya en appelant à un « changement culturel », afin de diminuer la place des smartphones dans nos vies et à les circonscrire à leur fonction d’« outil ». Il invite les vingt-six participants, qui ont majoritairement autour de la trentaine, à commencer par « une session de quarante-cinq minutes, sans parler, pour se reconnecter à soi-même ».

Chacun se plonge dans un livre, se met à écrire dans un carnet de notes ou sort ses aquarelles. Une jeune femme aux longs cheveux noirs tricote un pull à grosses mailles bleu ciel. Laura, 33 ans, souligne au crayon des passages dans un livre consacré à l’architecte et urbaniste Fernand Pouillon. Si elle avait eu son téléphone à portée de main, elle aurait passé son temps à « aller chercher les références » ; immanquablement, notifications et messages l’auraient happée. Là, elle se sent juste « bien » dans sa « bulle de lecture ». Certains regards se perdent dans le noir de la nuit ou dans les feuilles luxuriantes peintes sur les murs.

Populaire grâce à Instagram

L’atmosphère zen, un peu étrange, tient à la fois de la bibliothèque universitaire et de la sieste sur une chaise longue. Pour certains, le lâcher-prise prend un peu de temps. Coline, 29 ans, social media manager, sort de sa journée de travail et peine à se concentrer sur un mandala : « J’ai du mal à évacuer mon stress, je me sers de mon téléphone pour le canaliser, je suis complètement addict. »

Lancé en février à Amsterdam, le Offline Club dit rencontrer le succès. Des soirées déconnectées ont eu lieu à Barcelone, Londres, Milan, Dubaï, Aarhus, au Danemark. « Nous avons reçu 500 demandes du monde entier, même de Madagascar et des Philippines, de personnes qui veulent en organiser », déclare Jordy van Bennekom, cofondateur du Offline Club, qui table sur le développement du concept dans les entreprises pour être rentable. Le comble de l’histoire ? Le concept doit sa popularité à… Instagram, où le compte rassemblait début novembre, 414 000 abonnés.

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