des experts de l’ONU dénoncent des « tactiques pour affamer » 25 millions de civils

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Dans le camp de déplacés de Zamzam, au Darfour, le 1ᵉʳ août 2024.

Les Forces armées du Soudan (FAS) et leurs adversaires des Forces de soutien rapide (FSR) utilisent de « tactiques pour affamer » 25 millions de civils au Soudan, ont dénoncé, jeudi 17 octobre, des experts des Nations unies (ONU) dans un communiqué. « Jamais dans l’histoire moderne autant de personnes n’ont été confrontées à la faim et à la famine qu’au Soudan aujourd’hui », ont déclaré ces experts, qui sont mandatés par le Conseil des droits de l’homme mais ne s’expriment pas au nom de l’ONU. « Un pourcentage stupéfiant de 97 % des personnes déplacées au Soudan, ainsi que des civils restés chez eux, sont confrontés à des niveaux sévères de faim », insistent-ils.

La guerre au Soudan fait rage depuis avril 2023 entre l’armée, menée par le général Abdel Fattah Al-Bourhane, et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) de son ex-adjoint, le général Mohammed Hamdan Daglo. Elle a fait des dizaines de milliers de morts, entraîné le déplacement de plus de 10 millions de personnes et provoqué l’une des pires crises humanitaires au monde, selon l’ONU.

La famine a été déclarée en juillet dans le camp de Zamzam, près de la ville d’El-Fasher, au Darfour. C’est le niveau le plus élevé au sens des critères très précis retenus par les organisations non gouvernementales et les agences humanitaires de l’ONU, basés sur une échelle appelée Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC). Les experts évoquent le sort des 500 000 personnes qui se sont rassemblées dans ce camp pour tenter d’échapper aux combats et sont confrontées aux « pires conditions » de vie. Selon eux, d’autres camps de déplacés sont « menacés par la famine ».

« Consternation »

« Pour que la famine au Soudan prenne fin, il faut que les FSR et les FAS cessent immédiatement d’entraver l’acheminement de l’aide », insistent les experts, qui réclament un arrêt des attaques contre les populations locales et que « les gouvernements étrangers cessent de soutenir financièrement et militairement » les deux factions. « Les deux tiers de la population soudanaise vivent dans des zones rurales et leurs moyens de subsistance sont détruits par la guerre, expliquent-ils. Nous exhortons les autorités locales à faciliter la participation en toute sécurité aux activités agricoles en soutenant les comités de protection des cultures. »

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Les experts ont exprimé « leur consternation devant le fait que les donateurs internationaux et les gouvernements n’aient pas tenu leurs promesses ». Le plan de réponse humanitaire au Soudan mis sur pied par l’ONU, qui estime les besoins pour venir en aide aux populations à 1,44 milliard de dollars (environ 1,33 milliard d’euros), n’est financé qu’à hauteur de 50,8 %.

« Avant le début du conflit, les deux tiers de la population soudanaise vivaient déjà dans une pauvreté extrême, et aujourd’hui encore plus de personnes sont confrontées à la perspective d’un dénuement total », ajoutent les experts de l’ONU, dont Michael Fakhri, rapporteur spécial sur le droit à l’alimentation, soutenu par une dizaine de collègues.

Le Monde avec AFP

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