des cortèges importants et une colère contre les « sacrifices qui se préparent pour l’éducation et la jeunesse »

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« On est là pour nos jeunes et pour notre mission de service public », explique Pascal Frelin, venu manifester à Besançon

Ambiance familiale dans le cortège bisontin qui s’est élancé de la place de la révolution à 14 heures, pour rejoindre la préfecture, sous une chaleur estivale. Le matin, des organisations professionnelles (fédération française des masseurs kinésithérapeutes, et chambre syndicale des pharmaciens) ont déambulé de leur côté.

Outre les traditionnels chars et calicots de l’ensemble des centrales syndicales et des associations (pour le climat, pour les droits de l’homme) sont présents de nombreux fonctionnaires, des trois fonctions publiques, qui tous témoignent de leur inquiétude quant aux coupes budgétaires qui ciblent leurs missions de services publics. Beaucoup d’entre eux étaient présents aussi le 10 septembre, lors de la manifestation Bloquons tout, quoique cette dernière avait un profil plus étudiant.

La pancarte de la mission locale du bassin d’emploi de Besançon attire la rétine qui représente Emmanuel Macron serrant la mâchoire d’un jeune garçon avec écris : « Sois jeune active toi ».

Olivier Grimettre lors de la manifestation du 18 septembre 2025, à Besançon.
Olivier Grimettre lors de la manifestation du 18 septembre 2025, à Besançon.

En vingt-cinq ans de métier, Olivier Grimaitre, chargé de projet à la mission locale, n’avait jamais connu de pareilles restrictions budgétaires : « L’Etat a baissé nos subventions, ce qui a entraîné la non-reconduction de 4 CDD, une charge de travail qui se reporte sur ceux qui restent, avec des accueils de jeunes moins réguliers et des délais d’attente qui s’allongent. Alors même, qu’en parallèle, on fait face à un afflux d’inscription lié à la loi plein emploi qui oblige les jeunes venant à la mission locale à s’inscrire également à France travail. »

Il chiffre à + 20 % les jeunes sollicitant la mission locale cette année. « Avec la baisse de nos effectifs c’est un effet ciseau. » Il soupire : « Ça va que nos collectivités (région et agglomération) n’ont pas encore baissé nos subventions en 2025, comme c’est le cas dans les pays de la Loire. » A côté de lui, Pascal Frelin, conseiller insertion : « On est là pour nos jeunes et pour notre mission de service public. »

Profs, soignants et acteurs de la vie culturelle locale ne disent pas autre chose. Psychologue scolaire de 62 ans proche de la retraite, Lydie n’arrive pas à s’y résoudre : « On démarre encore l’année avec un déficit d’accompagnement pour les élèves vulnérables, un manque criant d’AESH [accompagnant des élèves en situation de handicap], d’infirmières et de psy scolaires. »

Dans le cortège revient aussi cet écœurement d’avoir été « floué » après les élections législatives anticipées qui ont suivi la dissolution en 2024, lors desquelles ils avaient été nombreux à ressentir une « remobilisation et un élan de la gauche »« retombée dès la nomination de Michel Barnier puis de François Bayrou et désormais de Sébastien Lecornu, en décrochage total avec l’élan populaire de gauche qui s’était exprimé », témoigne Yael Kouznine, chargé de mission à la communauté urbaine de Besançon. Malgré ses désillusions et son sentiment d’impuissance à être entendu à l’échelon national, ce cadre de catégorie A tenait à « faire au moins acte de présence aujourd’hui ».

Yaël lors de la manifestation du 18 septembre 2025, à Besançon.
Yaël lors de la manifestation du 18 septembre 2025, à Besançon.

A quelques pas, la maire écologiste de Besançon, Anne Vignot, ne dit pas autre chose. « Sous couvert de dette, ils sont en train de vouloir démanteler l’ensemble des services publics qui sont le ciment de la société française », estime-t-elle, rappelant que le CHU est ici le premier employeur local.

Le cortège arrive devant la préfecture où a été tagué « la police assassine et la justice acquitte », avant de se disperser sur les coups de 17 heures, après une courte tentative de blocage du pont Canot. Ils étaient 4 200 manifestants, selon la préfecture ; 5 500, selon la CGT. C’est davantage que Le 10 septembre où ils étaient 2 300, selon la préfecture ; 5 500, selon la CGT.

Les portes de la préfecture du Doubs à Besançon,  le 18 septembre 2025.
Les portes de la préfecture du Doubs à Besançon, le 18 septembre 2025.

Camille Bordenet (envoyée spéciale à Besançon)



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