« Des assiettes à dessert pour faire de la Commune de Paris un repoussoir »

4018


Les assiettes dites « historiées » ou « parlantes » font le bonheur des chineurs. Démocratisées à la fin du XIXe siècle avec la technique d’impression des images sur faïence, elles se sont imposées dans les intérieurs de la petite bourgeoisie puis des catégories populaires en reproduisant des scènes de la vie quotidienne, des rébus ou des fables, mais aussi en célébrant la geste napoléonienne ou les expéditions militaires.

Avec les assiettes à dessert des premières années de la IIIe République, la politique passe à table au gré des humeurs de l’époque. En célébrant la résistance de l’armée française face à la Prusse victorieuse ou en magnifiant les conquêtes coloniales. Mais aussi en faisant de la Commune de Paris un repoussoir, quitte à mettre en scène avec emphase les épisodes les plus violents. En témoigne une série de douze assiettes à dessert réalisées par la manufacture Vieillard, à Bordeaux, dans les toutes premières années de la décennie 1870, qui délivrent une vision violemment hostile des événements qui eurent lieu dans la capitale en 1871.

A la fin du XIXe siècle, le spectacle de la mort sur la vaisselle du dimanche n’a rien d’incongru, ni de vraiment choquant. « La circulation des images contribue à faire entrer la Commune, une fois terminée et réprimée, dans les intérieurs non communards en façonnant un imaginaire fait de désordres et de destructions, de batailles et de châtiments avant le retour à la normale », souligne Laure Godineau, enseignante à l’université Sorbonne Paris-Nord.

Il vous reste 50.31% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.



Source link