De La Rochelle à Nice, comment le système « Airbnb » a changé les villes

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La bicyclette bleue est à peine plus grande qu’une draisienne. Arrimé à un arceau sur le port de La Rochelle, ce vélo d’enfant est devenu un symbole : celui du bras de fer entre la mairie et le monde des « Airbnb ». Son cadre est bardé de boîtes à clés. Jean-Antoine Montcho, son propriétaire, responsable d’une conciergerie, le déplace régulièrement pour ses clients, qui y récupèrent la clé du logement dans lequel ils vont séjourner. « J’ai trouvé cette solution, car, dans certaines copropriétés, les boîtes à clés se font systématiquement arracher, et les serrures connectées ne s’adaptent pas à toutes les portes », explique celui qui gère 27 Airbnb à La Rochelle, et travaille aussi comme agent immobilier.

C’est Marie Nédellec, adjointe (divers gauche) au maire de La Rochelle, qui a fait connaître ce petit vélo sur son compte Instagram durant l’été. « Il est symptomatique d’un modèle de tourisme qui détourne des logements rares et précieux pour les habitants, et d’un système qui essaie en permanence de contourner les règles », soupire-t-elle. Récemment, Jean-Antoine Montcho est allé récupérer son petit vélo à la fourrière. L’antivol avait été sectionné. Un acte qui traduit la division de la population rochelaise sur la location touristique.

Des boîtes à clés attachées à un vélo d’enfant, dans le centre de La Rochelle, le 3 octobre 2025.

D’un côté, des habitants qui tentent de réguler le système, appuyés par des défenseurs du droit au logement, des collectifs antibruit ou antitouristification des villes. De l’autre, des propriétaires qui revendiquent leur droit à se dégager ce complément de revenu ou à investir dans ce secteur, et qui contribuent, à travers leur offre d’hébergement et les impôts qu’ils paient, à l’économie touristique. Voilà les termes d’un débat qui ne fait que s’envenimer, alors que les locations de courte durée, proposées sur Airbnb, Booking, LeBonCoin, Abritel, ou Gens de Confiance, n’ont jamais été aussi nombreuses en France. En cette fin 2025, la plateforme Airbnb compte 54 200 annonces « actives » (avec au moins une nuit réservée ou ouverte à la réservation dans le mois) à Paris, d’après les données extraites du site par le cabinet AirDNA, mais aussi 10 700 à Marseille, 10 100 à Nice, 5 600 à Lyon, 4 500 à Toulouse…

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