Gaëlle Fasciaux a gardé la scène gravée dans sa mémoire : les bras en croix, elle s’est assise dans la grande bassine disposée au milieu de l’église Saint-Léger, à Lens (Pas-de-Calais). Puis elle est tombée en arrière et s’est laissé submerger. Rien ne prédestinait pourtant cette assistante maternelle de 37 ans, habitant à Sallaumines, à se faire baptiser par immersion à Pâques. « La religion, c’était très loin pour moi », reconnaît cette mère de deux enfants, qui a grandi dans une famille athée.
C’est d’abord son fils qui s’est intéressé à la religion catholique lorsqu’il était âgé d’une dizaine d’années et a souhaité se rendre à la messe. Puis Gaëlle Fasciaux a senti « grandir [sa] propre foi », s’est mise à prier « sans s’en rendre compte » quand ça n’allait pas et a fini par entrer en catéchuménat – une formation de deux ans environ, proposée par l’Eglise aux adultes, appelés « catéchumènes », pour se préparer à recevoir les sacrements d’entrée dans la vie chrétienne, dont le baptême. Surnommée affectueusement « sœur Gaëlle » par ses proches, surpris de la voir basculer dans l’initiation chrétienne, elle a été baptisée avec ses deux enfants, de 17 et 15 ans aujourd’hui. Depuis, la messe dominicale est devenue un rituel familial.
Gaëlle Fasciaux n’est pas la seule à se jeter dans le grand bain chrétien. Selon les chiffres de l’Eglise catholique en France, 7 135 adultes ont été baptisés à Pâques 2024 (seul moment de l’année pour les baptêmes d’adultes), soit une augmentation de 31 % par rapport à 2023 (5 463 baptisés). Une année qui affichait déjà des chiffres élevés par rapport à la période 2015-2022, où le nombre de baptisés tournait autour de 4 000 par an. Et, selon plusieurs sources, cette hausse devrait se poursuivre en 2025.
« Il y a quelque chose de contre-intuitif dans cette recrudescence des baptêmes d’adultes. Ils arrivent dans une Eglise affaiblie, humiliée par les abus sexuels, ayant perdu de sa superbe », analyse le sociologue des religions Jean-Louis Schlegel. Cette augmentation a surpris jusqu’à l’épiscopat français. « Dans quelques paroisses, il n’y avait pas eu de baptêmes d’adultes depuis des années. Certains prêtres se demandaient presque comment faire », s’amuse Sabine Leroy, responsable du catéchuménat pour le diocèse de Saint-Claude, dans le Jura.
La hausse la plus forte concerne les 18-25 ans
Ces « néophytes », terme utilisé pour qualifier les nouveaux baptisés, ont des profils divers, selon les données de la Conférence des évêques de France (CEF). Les femmes sont plus nombreuses (62 %), tous les âges sont représentés, même si la hausse la plus forte concerne les 18-25 ans (+ 150 % en cinq ans). Les étudiants représentent donc un quart des baptisés adultes en 2024, derrière les personnes issues de milieux dits « populaires », toujours majoritaires (38 %). La CEF note aussi « une tendance observée dans les territoires ruraux », avec un tiers des catéchumènes vivant hors des grandes aires urbaines. En 2024, les trois provinces ecclésiastiques enregistrant les plus fortes hausses sont d’ailleurs Besançon, Dijon et Clermont.
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