Dans l’est de la RDC, le jeu dangereux des autorités avec les groupes armés

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Un combattant de l’Alliance des patriotes pour un Congo libre et souverain (APCLS), un groupe armé membre de la coalition des wazalendo (« patriotes », en swahili), patrouille dans la ville assiégée de Saké, à quelques centaines de mètres des positions du Mouvement du 23-Mars (M23) et des militaires rwandais, au Nord-Kivu, le 14 mars 2024.

Dominique Ndarurutse, dit « Domi » ou encore « général Domi », chef du Collectif des mouvements pour le changement-Forces de défense du peuple (CMC-FDP), ne se cache pas. Il est pourtant soupçonné de « graves violations des droits humains et d’abus à l’encontre des civils, d’être impliqué dans des enlèvements systématiques contre rançon, des actes de torture, des viols, des détentions arbitraires, des exécutions de civils et l’utilisation d’enfants soldats », selon un règlement du Conseil de l’Union européenne (UE) daté du 26 juillet et plaçant ce chef de groupe armé sous sanctions aux côtés d’autres ressortissants de la République démocratique du Congo (RDC) impliqués dans la crise meurtrière qui ravage l’est du pays.

Mais Bruxelles est bien loin de Goma, la capitale provinciale du Nord-Kivu, épicentre d’un énième conflit aux confins de la RDC, du Rwanda et de l’Ouganda. Et en cette fin novembre, « Domi » s’assied tranquillement à la terrasse de l’hôtel Oasis, situé sur l’avenue dite du « kilomètre témoin », au centre de la ville. Il arbore un treillis kaki des Forces armées de la RDC (FARDC), auxquelles, pourtant, il n’appartient pas. Seul signe distinctif pour les regards avertis, le « général » autoproclamé porte le foulard violet du CMC-FDP, glissé sous son épaulette. « Je porte l’uniforme des FARDC comme je pourrais en porter un autre », lâche-t-il.

« On ne sait plus qui est qui. Qui est soldat ? Qui est milicien ? Qui est bandit ? », résume John Banyene, président de la société civile du Nord-Kivu, inquiet de la prolifération des hommes en armes à Goma et de l’augmentation, liée, de la criminalité. Le « général Domi » est l’un de ces chefs de groupes armés qui pullulent dans l’est de la RDC. De ceux qui prospèrent dans le vide sécuritaire laissé par un Etat congolais fantomatique. Sa zone d’opérations se situe dans les territoires du Masisi et de Walikale, deux régions du Nord-Kivu où, selon l’UE, entre autres activités lucratives, il exploite illégalement le bois.

Malgré tous les soupçons qui pèsent sur lui – comme sur bien d’autres chefs de groupes –, l’Etat congolais lui a redonné une virginité. « Il coordonne les opérations militaires, l’administration et la logistique au sein des Volontaires pour la défense de la patrie [VDP, aussi appelés wazalendo, “patriotes” en kiswahili], force armée supplétive officielle dans le sens où elle entretient une collaboration […] systématique et coordonnée » avec les FARDC, peut-on lire dans le dernier rapport annuel du groupe des experts des Nations unies, publié en juin.

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