Lorsqu’elle apprend qu’elle est enceinte, Maryon York Hollis a 31 ans. La jeune femme se remet à peine d’une longue addiction à la drogue qui lui a, entre autres, fait perdre la garde de ses trois premiers enfants. Avec son compagnon, Chris Hollis, lui aussi ancien toxicomane, ils essaient de construire une vie stable pour leur petite fille de 3 mois. L’annonce de la grossesse arrive pour Maryon avec une nouvelle accablante : l’embryon est implanté dans le tissu cicatriciel de sa récente césarienne. Elle risque une hémorragie fatale et l’enfant pourrait ne pas survivre à une naissance excessivement prématurée.
L’avortement n’est cependant pas une option. Dans l’Etat du Tennessee, il est illégal dès la fécondation et aucune exception n’est prévue en cas de viol, d’inceste ou de risque pour la santé de la femme enceinte et de l’enfant. Cet Etat du Sud, comme la majorité des Etats ayant interdit l’avortement, ne prévoit paradoxalement pas de soutien aux parents. Le congé parental est inexistant, les prestations d’invalidité du gouvernement fédéral pour la naissance d’un enfant prématuré sont dérisoires et l’Etat conservateur affiche également un des pires résultats du pays en matière de santé maternelle et de mortalité infantile.
Difficultés dès l’accouchement
Le Tennessee, qui a remis en question l’aptitude de Mayron à s’occuper de ses enfants, la contraint ainsi à poursuivre une grossesse qui met en danger sa vie et, par extension, son fragile équilibre. Dès l’accouchement commencent les difficultés. Elayna, qui vient de voir le jour, souffre de problèmes respiratoires nécessitant des soins intensifs. Elle est envoyée à l’hôpital dans un comté voisin, où Maryon, alors ouvrière en bâtiment, se rend pendant deux mois après d’intenses journées de travail, contrainte de dormir dans sa voiture faute de pouvoir s’offrir une chambre d’hôtel.
Son passé la rattrape à ce moment-là. Quelques jours après son retour de la maternité, elle est arrêtée pour une affaire que les responsables de la protection de l’enfance de l’Etat avaient pourtant close. Le couple passe toutes ses économies dans les frais de préparation du procès. Et ce, alors que Maryon se voit obligée de quitter son travail pour s’occuper d’Elayna, dont la santé exige des soins à temps complet.
Les dettes s’accumulent de manière exponentielle. Chaque mois, Maryon et Chris sont en retard sur le paiement de leur loyer et le remboursement de leur crédit automobile. Les offres de crédit commencent à pulluler dans leur boîte aux lettres et le couple finit par s’y résoudre, contraint d’emprunter à des taux d’intérêt à deux chiffres pour financer leur quotidien.
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