Dans la jungle du Darien, le reflux des migrants vénézuéliens

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Une mer turquoise, une plage de sable fin, des migrants exténués. Enclavé dans la jungle du Darien, à la frontière avec le Panama, le village colombien de Capurgana, qui a vu passer des milliers de candidats au rêve américain, accueille aujourd’hui les Vénézuéliens qui ont rebroussé chemin, faute d’avoir pu passer la frontière avec les Etats-Unis. Le flux migratoire s’est inversé rapidement, prenant de court les autorités colombiennes. « En janvier, on voyait encore des migrants partir pour les Etats-Unis », raconte un infirmier de Médecins du monde, en pommadant les épaules d’une femme brûlée par le soleil. L’arrivée au pouvoir de Donald Trump a changé la donne et tronqué les espoirs.

Tous les partants n’étaient pas vénézuéliens. Mais les Vénézueliens sans passeport (un bien rare et cher au pays de Nicolas Maduro) n’ont aujourd’hui d’autre choix que de rentrer par là. Jeudi 3 avril, plus de 200 d’entre eux sont arrivés à Capurgana en provenance du Panama. La traversée sur des barques précaires a duré plus de huit heures. Les visages disent la peur, la fatigue et le découragement. Les enfants, affalés sur les valises, sont silencieux. La musique des bars à touristes résonne sur le port.

« Nous sommes les premiers, des milliers d’autres migrants vont suivre, augure Felix Vera, 36 ans. Ils attendent juste d’avoir l’argent pour pouvoir se payer le voyage du retour. » Au Mexique, Felix Vera a attendu quatre mois le rendez-vous magique demandé sur l’application CBP One, mise en place par les services migratoires américains. Sans succès. Sa voisine, Luz Angela Rivera, qui vivait, elle, dans l’Utah depuis trois ans, confirme le pronostic. « On attendait nos papiers, mais la vie est devenue infernale avec Trump, raconte-t-elle. Mon mari, qui travaillait seize heures par jour dans une briqueterie, a perdu son travail. On avait peur de parler espagnol dans la rue. On a préféré partir avant de se faire expulser et beaucoup vont faire comme nous. »

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