Dans des prisons surchargées, une situation « explosive »

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Didier Migaud, le nouveau ministre de la justice (au centre), lors de sa visite de la prison de la Santé, à Paris, le 24 septembre 2024.

La détention a occupé l’essentiel du volet « justice » de la déclaration de politique générale du premier ministre Michel Barnier, mardi 1er octobre, avec la promesse, entre autres, de « plus de places de prison ». Le 24 septembre, déjà, le nouveau garde des sceaux, Didier Migaud, avait choisi la prison de la Santé, en plein centre de Paris, pour son premier déplacement. La situation dans les prisons est, de fait, plus tendue que jamais : au 1er septembre, la densité carcérale a battu un nouveau record, avec près de 79 000 détenus pour 62 000 places opérationnelles, soit un taux d’occupation global de 127,3 %. Il y a également 3 600 matelas au sol. Dans dix-sept établissements, la densité carcérale égale ou dépasse les 200 %.

Comme souvent lorsqu’il s’agit d’analyser la situation des prisons, tout fait système. Outre la question de la dignité et des droits de l’homme, la surpopulation carcérale nuit au sens de la peine prononcée et à son efficacité. Dans les établissements bondés, la vie en prison devient intenable, l’hygiène se détériore, les différentes activités, que ce soit le travail et l’enseignement, sont quasi impossibles à réaliser… Autant d’obstacles à une future réinsertion. Et cela favorise surtout la montée des violences.

Depuis cet été, les agressions de surveillants se multiplient. A Perpignan, fin juillet, une tentative de prise d’otage a été de justesse évitée après qu’un détenu a brandi sous la gorge d’un surveillant une lame de rasoir ; à Béziers (Hérault), début août, un autre surveillant a été pris dans un guet-apens au sein d’une cellule et roué de coups alors qu’il était tombé au sol ; à Belfort, mi-août, un autre a été violemment plaqué contre un mur à la suite de la saisie de cannabis à la sortie d’un parloir ; mardi 1er octobre, à Bois-d’Arcy (Yvelines), c’est un flacon de gel douche qui a été utilisé comme projectile et ouvert le front d’un surveillant…

« Il y a 125 matelas au sol »

Le 26 septembre, vers 23 heures, un agent de la pénitentiaire a été passé à tabac à son domicile de Montreuil (Seine-Saint-Denis). Trois individus armés se sont introduits de force chez ce gradé, travaillant à la prison de la Santé, avant de le frapper à coups de pied, comme en témoigne une courte vidéo que Le Monde a pu consulter. Les agresseurs ont quitté les lieux en proférant des menaces liées à l’activité professionnelle de la victime. Une enquête a été ouverte pour violences et menaces avec arme sur personne dépositaire de l’autorité publique.

A Bordeaux-Gradignan, les syndicats alertent de la situation depuis de nombreuses semaines. « Il y a un abandon total, nous ne sommes pas écoutés. Le gouvernement annonce une politique sécuritaire mais on est déjà surencombrés, il n’y a aucune possibilité de transferts dans d’autres établissements de la région. On entasse, on entasse et on ne se pose pas de question », s’alarme Ronan Roudaut, responsable local de l’UFAP-UNSA Justice. Il décrit une situation proche de la rupture, où les personnels doivent gérer « énormément de cas psychiatriques » et, dans le même temps, traquer les livraisons de drogue et de téléphones par drones. « Il y a 125 matelas au sol. On a peur que ça pète », lâche-t-il.

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