Dans « Araborama », la Palestine et le monde

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« “Oh non ! Pas lestine !” me suis-je dit lorsque j’ai appris le thème d’Araborama. “Pas ! lestine !” ai-je hurlé seul devant mon écran » : l’anecdote piquante que relate avec tendresse Sabyl Ghoussoub, écrivain d’origine libanaise, dit bien les passions que charrie l’évocation de ce territoire inflammable.

A mi-chemin entre le mook et le livre, le volume intitulé Ce que la Palestine apporte au monde a été publié en mars, avant les attaques du Hamas contre Israël et la guerre qui s’est ensuivie. Troisième livraison de la collection « Araborama » – laquelle rassemble intellectuels, écrivains, artistes et illustrateurs pour explorer les réalités présentes, la pluralité et l’histoire du « monde arabe » –, il accompagne l’exposition du même nom qui se tient actuellement à l’Institut du monde arabe, à Paris, et s’avère indispensable pour comprendre les enjeux du conflit actuel.

« Source de poésie »

Appuyé par une cartographie éclairante et de très nombreux articles écrits par les meilleurs spécialistes (Jean-Pierre Filiu, Henry Laurens, Elias Sanbar, Bertrand Badie, Camille Mansour, Leïla Shahid…), l’ouvrage est accompagné d’une iconographie qui montre la grande vitalité de la scène artistique arabo-palestinienne, donnant à voir un autre visage que celui des tensions qui opposent la Palestine et Israël.

Car si des mots tels que « morcellement », « confiscation », « éclatement », « dépendance » ou « effacement » reviennent de manière entêtante pour décrire l’expérience palestinienne, cette dernière est également « source de poésie, ferment de solidarité, inspiratrice des combats », relève le journaliste du Monde Christophe Ayad, dans l’introduction.

L’expérience palestinienne, c’est avant tout un certain rapport à la terre, souligne la chercheuse en science politique Leila Seurat : « La Nakba, la grande catastrophe de 1948, a produit chez les Palestiniens un sentiment tout particulier d’appartenance à la terre. Loin d’être digérée, l’expulsion fulgurante a suscité un sentiment de présence dans l’absence, à l’instar d’un membre fantôme qui, bien qu’arraché, continue de causer de la douleur. »

Une douleur qui irradie dans l’ensemble des pays arabes, tant la Palestine, berceau des monothéismes, occupe une place privilégiée dans leur imaginaire, relèvent les universitaires Mustapha Kamel Al-Sayyid et Chérine Chams El-Dine. Et de montrer que si les gouvernements arabes ne soutiennent souvent que modérément la cause palestinienne, les opinions publiques des vingt-deux pays arabes lui sont, elles, très solidaires.

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