Daniel Chapo, le candidat du parti au pouvoir, élu président

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Daniel Chapo lors d’un meeting à Maputo, le 2 octobre 2024.

Daniel Chapo, un ancien gouverneur provincial sans expérience d’Etat et peu connu des Mozambicains jusqu’à sa désignation surprise comme candidat du parti au pouvoir à l’élection présidentielle, va prendre les rênes de ce pays d’Afrique australe, l’un des plus pauvres au monde. Sa victoire à l’élection du 9 octobre, avec 70,67 % des voix, a été annoncée jeudi 24 octobre par la commission électorale, dont la fiabilité est contestée par l’opposition comme par la plupart des observateurs, car jugée trop proche du Frelimo, le parti au pouvoir depuis l’indépendance. Il doit prendre la tête du pays en janvier 2025.

A 47 ans, Daniel Chapo devient ainsi le premier président né après l’indépendance, en 1975, et le premier à n’avoir pas été un combattant du Frelimo pendant la guerre civile (1975-1992) qui a fait un million de morts et hante encore les esprits. Diplômé de droit, cet ex-professeur de sciences politiques et présentateur de radio a mené une campagne populaire. De très grande taille, il est visible de loin lorsqu’il fend une foule de partisans habillés en rouge, couleur du parti aux origines marxistes.

Lors de son dernier meeting de campagne dans la banlieue de Maputo devant quelques milliers de sympathisants arrivés en bus des environs, il a fait miroiter la construction d’écoles et d’hôpitaux et une économie plus robuste. Il a aussi promis l’éradication des violences dans la province septentrionale du Cabo Delgado, aux prises avec des attaques armées menées par des djihadistes affiliés au groupe Etat islamique (EI) depuis 2017. Ce conflit, qui a fait plus d’un million de déplacés et plus de 5 800 morts, contrarie les espoirs de manne liée aux gisements de gaz naturel dans l’océan Indien. Un projet mené par le groupe français TotalEnergies, pesant 20 milliards de dollars, est paralysé depuis 2021.

« Il sera très encadré »

Daniel Chapo, qui a commencé sa carrière politique sans être élu, par des nominations administratives du parti au pouvoir, avait été désigné administrateur du district de Palma (Nord-Est) en 2015. « A l’époque, des projets de gaz naturel étaient en cours de développement et il a donc joué un rôle important, ou du moins il a compris comment traiter avec les multinationales localement », souligne Borges Nhamirre, de l’Institut d’études de sécurité, à Pretoria.

Gouverneur de la province centrale d’Inhambane depuis 2016, il avait été désigné en mai candidat à la présidentielle par le Frelimo à l’issue de deux jours de débats intenses de son comité central, qui compte quelque 250 membres, et plusieurs votes successifs. Il faisait face à trois autres candidats internes, représentant différentes factions qui n’ont pas réussi à s’imposer. « Le Frelimo n’arrivait pas à se mettre d’accord, ils ont choisi Chapo pour pouvoir l’influencer. Il ne remet pas en cause les équilibres et sera très encadré », résume un expert qui souhaite conserver l’anonymat.

« Personne ne pouvait croire à sa nomination parce qu’on n’avait jamais entendu parler de lui : pas de grande interview ou de discours intéressant, juste un politicien ordinaire », souligne Borges Nhamirre. Il a été choisi parce que « les différentes factions du Frelimo ont compris qu’il était le plus facile à influencer », estime-t-il aussi, notamment pour la désignation de ministères ou de postes-clés au sein des forces de sécurité.

Le président sortant, Filipe Nyusi, 65 ans, ne pouvait pas se représenter à l’issue de son deuxième mandat. Il avait appelé à « apporter tout notre soutien à Daniel Chapo », tout comme l’ont fait ensuite les anciens présidents Joaquim Chissano et Armando Guebuza. Daniel Chapo s’est présenté comme le candidat de l’unité, promettant de « travailler avec chaque couche de la société, la jeunesse, les femmes, les hommes et les anciens combattants ».

Le Monde avec AFP

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