Dahbia Benkired sera jugée aux assises pour meurtre « accompagné ou précédé d’un viol, de torture ou d’actes de barbarie »

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Des habitants déposent des fleurs lors d’une manifestation commémorative en l’honneur de Lola, le 21 octobre 2022.

Pas d’irresponsabilité pénale pour Dahbia Benkired : un juge d’instruction parisien a ordonné vendredi 15 novembre un procès aux assises pour cette Algérienne née en 1998 mise en cause pour le meurtre « barbare » de Lola, 12 ans, fin 2022, à Paris, qui avait suscité un émoi national.

Sollicité, le parquet de Paris a confirmé l’information obtenue par l’Agence France-Presse (AFP), de source proche du dossier, selon laquelle Dahbia Benkired serait jugée pour « le meurtre d’une mineure de 15 ans accompagné ou précédé d’un viol, de torture ou d’actes de barbarie ainsi que pour viol commis sur un mineur avec torture ou acte de barbarie », conformément à ses réquisitions. Dahbia Benkired encourt la réclusion à perpétuité.

Avocate de la famille de Lola, Me Clotilde Lepetit a salué vendredi « une instruction qui montre le sérieux du travail qui a été consacré à ce dossier criminel hors norme ». La mère de Lola, « Mme Daviet, voulait qu’il soit prévu le plus haut des débats judiciaires pour que soient jugés les crimes terribles commis sur sa fille. Nous l’aurons », a estimé l’avocate.

« Nous espérons que les débats nécessaires à la vérité judiciaire se dérouleront sereinement, loin de l’agitation médiatique et des inepties des réseaux sociaux », ont réagi auprès de l’AFP Mes Alexandre Silva et Lucile Bertier, avocats de Dahbia Benkired.

Le vendredi 14 octobre 2022, Lola, qui n’était pas rentrée du collège dans l’après-midi, était retrouvée sans vie dans une caisse en plastique, dans la cour intérieure de l’immeuble de la capitale, où elle habitait. En cherchant sa fille, son père, gardien de la résidence mort depuis, avait vu sur les images de vidéosurveillance Lola entrer dans le hall avec une inconnue. Cette dernière était ressortie de l’immeuble vers 17 heures, tirant de lourds bagages, dont une malle en plastique.

La brigade anticriminalité avait interpellé dès le samedi matin Dahbia Benkired, une jeune Algérienne née en 1998, entrée légalement en France en 2016 avec un titre de séjour d’étudiant, sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français depuis deux mois. L’inexécution de cette mesure avait suscité de virulentes critiques à droite et à l’extrême droite.

« Dangerosité »

Le gouvernement avait en retour fustigé « l’indécence » de cette « récupération politique ». Plusieurs centaines de personnes, dont de nombreux collégiens, avaient participé à une émouvante marche blanche en hommage à Lola.

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« C’est dans ces moments difficiles, d’une violence extrême, que le meilleur côtoie le pire », avait déclaré sa mère à la foule. « Le meilleur, c’est vous, ici présents, c’est la solidarité, c’est la fraternité (…). Le pire, ce sont les utilisations de l’image de notre fille à des fins mercantiles ou politiciennes », avait-elle dénoncé.

Lors de sa garde à vue, Dahbia Benkired avait raconté avoir « imposé [à Lola] de se doucher, avant de commettre sur elle des atteintes à caractère sexuel et d’autres violences ayant entraîné la mort. Elle aurait dissimulé le corps dans la caisse », avait relaté, à l’époque, dans un communiqué, la procureure de Paris, Laure Beccuau. L’autopsie avait révélé que Lola était morte asphyxiée. Son corps présentait de « multiples autres lésions », notamment au niveau du cou, mais pas « de lésion traumatique de la sphère sexuelle ».

D’après la source proche du dossier, l’ordonnance finale relève que Dahbia Benkired a tout fait pour cacher son crime. A l’issue de sa mise en examen, elle avait été incarcérée, notamment en unité pour malades difficiles.

Selon le parquet, une première expertise psychiatrique avait conclu que la mise en cause ne souffrait d’« aucun trouble psychique ou neuropsychique ayant aboli ou altéré son discernement », même si « sur le plan social [et non sur le plan psychiatrique], sa dangerosité devait retenir toute l’attention ».

D’après le ministère public, deux autres médecins avaient ensuite conclu à « l’existence de conduites manipulatoires relevant d’une personnalité pathologique ou d’une stratégie, et pas d’une pathologie psychiatrique majeure ».

Selon la source proche du dossier, un non-lieu a été ordonné pour un homme qui a véhiculé Dahbia Benkired avec la malle en plastique et l’a un temps accueillie chez lui, bien que, selon cette source, le juge relève dans son ordonnance qu’il s’est trop peu questionné sur le contenu de la malle.

Le Monde avec AFP

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