Corita Kent, la nonne et artiste pop art qui a imprimé l’Amérique

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Corita Kent, dans un studio de Los Angeles, en 1965. Corita Art Center.

Corita Kent (1918-1986) est connue pour avoir été une artiste américaine prolifique, proche du pop art. Son timbre-poste intitulé Love, composé de six traits de couleurs, qu’elle réalisa en 1985, demeure l’un des plus vendus de l’histoire américaine, avec 602 millions d’exemplaires. Elle fut encore une enseignante en art exigeante et ouverte, au cœur de la Californie hippie des années 1960. Elle était aussi une nonne catholique. Ordonnée dans l’ordre du cœur immaculé de Marie à Los Angeles, elle avait choisi d’être nommée sister Corita, ou « sœur Petit Cœur ».

Jusqu’au 21 décembre 2024, le Collège des Bernardins, à Paris, organise la première exposition française consacrée à cette artiste, sous le titre : « Corita Kent. La révolution joyeuse ». Plus de trente œuvres originales aux couleurs primaires fluorescentes sont ainsi exposées dans la nef cistercienne de l’édifice. Elles allient des publicités pour un pain de mie ou de la lessive à des versets bibliques, ou encore des couvertures de magazine à des couplets de chansons des Beatles, voire à des passages de discours du président américain John Fitzgerald Kennedy (1917-1963).

« Son environnement proche, fait de supermarchés et de stations-service, est devenu pour elle un laboratoire joyeux et une source d’inspiration spirituelle », nous explique Pierre Korzilius, directeur de la programmation artistique et culturelle du Collège des Bernardins. Corita Kent, quant à elle, affirmait (toutes les citations de Corita Kent présentes dans cet article sont tirées de l’exposition) : « Jouer, c’est prier, et prier, c’est jouer. »

« Amusez-vous »

Avec son front bombé, ses yeux rieurs et son nez pointu, Corita Kent se définissait comme une « artiste imprimeuse ». La sérigraphie, cette technique d’imprimerie utilisant des pochoirs entre l’encre et le support en papier, était son médium de prédilection. Elle appréciait l’aspect démocratique de ce procédé qui lui permettait de produire dans son atelier des œuvres originales à des prix peu onéreux. « J’ai commencé par mettre des mots dans mes sérigraphies et les mots sont devenus de plus en plus grands, expliquait-elle. Je pense que mes mots s’adressent aux personnes sensibles qui ont peur de l’art. »

Enseignante investie, elle a édicté, pour ses étudiants du département d’art du Collège du Cœur-Immaculé, à Hollywood, dix règles à suivre dans ses cours. Les plus emblématiques de sa pédagogie sont : « Règle 6 : L’erreur n’existe pas. Il n’y a pas de victoire ou de défaite. Il n’y a que l’action » ou encore « Règle 8 : N’essayez pas de créer et d’analyser simultanément. Ce sont des processus différents », et bien sûr « Règle 9 : Soyez heureux dès que vous le pouvez. Amusez-vous. C’est plus léger que vous ne le pensez ».

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