Contre les violences sexuelles, la fronde des étudiants en médecine prend de l’ampleur

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« Tu t’es changée pour la salle d’opération ? J’aurais préféré que tu viennes nue », « Dis, l’externe, tu suces bien ? », « On nous propose de faire un toucher vaginal sur une patiente endormie ». Affichés sur des pancartes, des témoignages d’étudiants en santé illustrent les divers degrés de brutalité des violences sexistes et sexuelles dans le monde hospitalier. Fin mai, devant le ministère de la santé, quelques dizaines d’actuels et futurs soignants, ainsi que des patients, manifestaient leur exaspération face aux gestes et paroles déplacés, au non-respect du consentement enduré dans leur parcours d’études ou de soins. Docteur Zoé – un pseudonyme utilisé sur les réseaux sociaux –, 33 ans, généraliste, raconte avoir été victime d’agression sexuelle lors d’un week-end d’intégration : « On a plus de risque d’être condamné pour non-respect de la confraternité quand on dénonce les agissements d’un confrère que quand on viole. C’est une réalité. »

Une réalité incarnée par une affaire qui revient dans toutes les bouches : celle de Nicolas W., un étudiant en médecine de 26 ans. Condamné à deux reprises pour des faits d’agressions sexuelles commis entre 2013 et 2020 sur une mineure mais aussi sur des camarades de promotion, le jeune homme s’apprête à rejoindre l’internat. Son parcours scandalise une nouvelle génération de médecins. Leur intransigeance face aux violences sexistes et sexuelles, longtemps passées sous silence dans un milieu caractérisé par un fort entre-soi, une culture carabine encore dominante, et des hiérarchies professionnelles très marquées, témoigne d’un bouleversement profond dans leur façon de concevoir leur formation, mais aussi leur profession.

« Les prédateurs sexuels ne doivent pas devenir médecins », clame une pétition lancée fin avril. Elle a recueilli, à date, plus de trente mille signatures, et est signée par le collectif Emma Auclert. « Emma est un des prénoms les plus portés dans ma génération. Auclert, c’est en hommage à Hubertine Auclert [1848-1914], militante qui s’est battue pour le droit de vote des femmes », explique, sous le couvert de l’anonymat, Chloé, une des membres de ce collectif qui rassemble une quarantaine d’étudiants en médecine des facultés de Limoges et de Tours, les deux villes où Nicolas W. a effectué son parcours universitaire. En 2021, pendant ses études à Tours, le jeune homme est visé par cinq plaintes pour viol et agression sexuelle. « Le doyen de l’université de Tours, ancien camarade de fac des parents de Nicolas W., deux médecins réputés, n’a engagé aucune mesure, ce qui lui sera reproché par l’inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche », souligne Chloé.

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