comprendre l’influence croissante de Varsovie

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Livre. Friedrich Merz l’a promis. Dès sa prise de fonctions, prévue début mai, le prochain chancelier allemand se rendra à Paris et à Varsovie, et « si possible le même jour », a-t-il précisé. Que la Pologne soit considérée en Allemagne avec les mêmes égards que la France en dit long sur le poids qui est aujourd’hui le sien dans l’Union européenne. Poids économique, avec une croissance supérieure à la moyenne de l’UE au cours des deux dernières décennies. Poids politique, incarné par son premier ministre, le libéral Donald Tusk, ancien président du Conseil européen, dont le retour au pouvoir, fin 2023, a mis fin à huit années de gouvernement national-conservateur sous l’égide du parti Droit et justice. Poids militaire, avec une armée de 200 000 hommes – autant que la France et davantage que l’Allemagne – et des dépenses considérables en matière de défense (4,2 % de son produit intérieur brut en 2024).

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Comprendre ce « moment polonais » : tel est le fil rouge de Pologne, histoire d’une ambition, (Tallandier, 272 pages, 19,90 euros), le passionnant essai que publie Pierre Buhler, qui commença sa carrière de diplomate à Varsovie, au début des années 1980, avant d’y revenir comme ambassadeur de France, de 2012 à 2016. Maniant une plume alerte et érudite, l’auteur raconte comment « la Pologne est devenue, à la faveur du regain d’agressivité de la Russie, l’Etat pivot d’une Europe centrale longtemps traitée à l’Ouest comme simple périphérie ».

Le rempart de l’Est

Que la Pologne occupe une telle place sonne comme une forme de revanche au vu de son histoire, elle qui disparut en tant qu’Etat entre 1795 et 1918, fut dépecée par les appétits conjugués d’Hitler et de Staline pendant la seconde guerre mondiale, avant d’être mise sous tutelle par l’Union soviétique pendant un demi-siècle. De ce passé heurté, la Pologne a gardé la conscience aiguë de sa précarité, mais aussi une forme d’« irréductibilité », comme l’explique Pierre Buhler : celle d’une nation rebelle, qui a régulièrement montré un attachement farouche à la liberté, mais aussi celle d’une nation se vivant comme un rempart face aux assauts venus de l’Est, depuis les invasions mongoles du XIIIe siècle jusqu’à l’Armée rouge de la jeune Russie bolchevique dont elle arrêta la poussée vers l’ouest en 1920. Un épisode resté dans les mémoires comme le « miracle de la Vistule ».

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