

« La sortie des chauves-souris des grottes, au crépuscule, ressemble à une rivière, un fluide qui s’écoule », décrit Aya Goldshtein (université de Constance, Allemagne). Elle a lancé une étude sur ce phénomène alors qu’elle était à l’université de Tel-Aviv (Israël). Une telle densité animale laisserait craindre des accidents. « En réalité, les collisions sont très rares », note la chercheuse, qui dévoile dans la revue PNAS du 31 mars une partie de la stratégie des mammifères volants pour les éviter.
Pour s’orienter, reconnaître leurs congénères, leurs proies et les obstacles dans l’obscurité, les chauves-souris font appel à l’écholocation : elles émettent des ultrasons et captent la façon dont ils se réverbèrent sur les objets, pour se repérer dans l’espace. Mais que se passe-t-il quand un grand nombre d’entre elles s’expriment au même moment ? Comment s’affranchissent-elles de ce que les chercheurs ont nommé « le cauchemar de la soirée cocktail », lorsque tout le monde parle en même temps et que personne ne se comprend ?
Pour le savoir, Aya Goldshtein et ses collègues se sont intéressés à une colonie de grands rhinopomes, dans la vallée de Hula, en Israël. Elle compte 2 000 individus qui, à la nuit tombante, partent en chasse d’insectes autour de la grotte qu’ils occupent. A cette heure de pointe, pas moins de 25 de ces animaux d’une trentaine de grammes sortent chaque seconde, lancés à 50 km/h, par un orifice de 3 m2. Des dizaines d’entre eux ont été équipés de dispositifs permettant de suivre leur déplacement, et un plus petit nombre portait des microphones sur le dos, capables de capter leurs signaux ultrasoniques et ceux de leurs congénères.
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