Comment l’alliance entre le régime Assad et le Hezbollah s’est retournée contre eux

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Portrait de Bachar Al-Assad criblé de balles, après la prise de Hama par des factions rebelles. A Hama (Syrie), le 6 décembre 2024.

C’est durant l’été 1982 que les services syriens de renseignements militaires et les gardiens de la révolution venus d’Iran parrainent, au Liban, la création secrète du Hezbollah, littéralement le « parti de Dieu ». Les régimes de Hafez Al-Assad, à Damas, et de l’ayatollah Khomeyni, à Téhéran, ont en effet noué une alliance stratégique face à leur ennemi commun, Saddam Hussein, qui a osé, deux ans plus tôt, lancer l’armée irakienne à l’assaut de l’Iran révolutionnaire. La haine est inexpiable entre les dictateurs syrien et irakien, officiellement parce qu’ils prônent tous deux, au nom du même parti Baas, une forme de « socialisme arabe », chacun prétendant en être le seul champion.

La réalité est que le régime Assad s’est jeté dans les bras de l’Iran pour échapper, déjà, à une vague de contestation populaire, écrasée à Hama, en mars 1982, au prix de dizaines de milliers de victimes. La fondation du Hezbollah permet à la dictature syrienne de disposer, avec cette milice pro-iranienne, d’un allié de choix sur la scène libanaise, voire régionale. Mais un tel partenariat, si profitable aux deux parties durant quatre décennies, vient de se retourner spectaculairement contre elles.

Un gagnant-gagnant de quarante ans

Le régime Assad peut d’abord compter sur le Hezbollah pour combler le vide laissé par l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), expulsée du Liban, en ce même été 1982, par l’invasion israélienne. La milice pro-iranienne, qui perpètre des attentats sous différentes appellations, porte aussi, en octobre 1983, un coup terrible aux contingents américain et français à Beyrouth (241 marines et 58 parachutistes tués), précipitant leur retrait du Liban. Non seulement le dictateur syrien consolide ainsi sa mainmise sur le pays du Cèdre, mais il s’offre le luxe d’agir en « médiateur » lors des tractations pour les libérations d’otages occidentaux aux mains… du Hezbollah. Une fois la domination syrienne sur le Liban parachevée, le Hezbollah participe, en septembre 1992, aux premières élections libanaises en vingt ans. Il s’impose depuis lors comme le soutien le plus solide de Damas au Liban, un soutien confirmé après la succession à Hafez Al-Assad par son fils Bachar, en juin 2000. Le Hezbollah est même accusé d’avoir, sur ordre de Damas, éliminé, en février 2005, Rafic Hariri, l’ancien premier ministre libanais.

La vague de protestations populaires qui secoue alors le Liban contraint l’armée syrienne à se retirer du pays, après trois décennies d’occupation. Mais le Hezbollah oppose son alignement inconditionnel sur Damas à un tel soulèvement nationaliste, que l’assassinat de personnalités anti-syriennes contribue à étouffer au Liban. L’alliance entre Bachar Al-Assad et la milice chiite en sort consolidée, au point que le Hezbollah n’hésite pas, en février 2013, à s’engager directement en Syrie.

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