Comment la guerre entre Israël et le Hamas a divisé les députés macronistes depuis le 7-Octobre

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La députée (Renaissance) de la 8e circonscription des Français de l’étranger Caroline Yadan (au centre) et d’autres députés demandent la libération des otages israéliens, devant l’Assemblée nationale, le 16 janvier 2024.

A l’Assemblée nationale, l’hommage aux victimes du 7-Octobre doit prendre la forme d’une vidéo, lundi, pile un an après les attaques terroristes du Hamas contre l’Etat hébreu. A l’initiative de Caroline Yadan, la députée (Renaissance) de la 8ᵉ circonscription des Français de l’étranger (qui comprend Israël), un clip sera diffusé sur les réseaux sociaux, réunissant une soixantaine de parlementaires – hors Rassemblement national ou La France insoumise –, pour la plupart parrains d’otages du Hamas.

Le soir de l’hommage, les participants ont prévu ensuite de prendre le chemin du Dôme de Paris, où le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) organise une soirée commémorative. Mme Yadan sera, elle, en Israël, accompagnée du député Sylvain Maillard (Renaissance, Paris), à l’invitation de l’organisation non gouvernementale Elnet, vouée au renforcement des relations entre l’Europe et l’Etat hébreu.

Mais pour la plupart des députés du camp présidentiel, les commémorations des massacres s’effectueront à titre individuel. Officiellement, parce que des hommages sont organisés dans leur circonscription. Officieusement, parce que la ligne assumée par Mme Yadan et ses soutiens crispe une partie du groupe macroniste. La prise de parole d’Emmanuel Macron, le 25 septembre, à la tribune des Nations unies, à New York – « la guerre qu’Israël mène à Gaza n’a que trop duré » et « les dizaines de milliers de victimes civiles palestiniennes n’ont aucune justification », a-t-il déclaré – en a, à nouveau, été l’illustration.

Mme Yadan n’est pas en phase avec les propos du chef de l’Etat. « Je prends très clairement mes distances avec ces déclarations », affirme-t-elle, ajoutant à propos des bombardements israéliens à Gaza et au Liban : « C’est rendre service au monde entier que de lutter contre le Hamas et le Hezbollah. » Mais, au sein du groupe macroniste Ensemble pour la République (EPR), plusieurs de ses collègues ne partagent pas sa ligne. « Est-ce que l’on accepterait que la France utilise des méthodes de terroristes pour lutter contre les terroristes ?, rétorque le député de la Moselle Ludovic Mendes, en référence aux récentes séries d’attaques aux bipeurs et aux talkies-walkies piégés au Liban, attribuées aux services israéliens. Un gouvernement démocratiquement élu ne doit pas se comporter comme cela. »

Fracture

Cette fracture n’est que le prolongement des tensions qui secouent le groupe parlementaire Renaissance – devenu EPR – depuis le 7 octobre 2023. Dès le 10 octobre, la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, avait revendiqué depuis le perchoir un soutien « inconditionnel » à Israël, avant de se rendre à Tel-Aviv le 22 octobre, accompagnée notamment de l’ancien député apparenté aux Républicains Meyer Habib, proche de l’extrême droite israélienne. « Soutien à Israël, oui, inconditionnel, non », nuançait déjà le député du Bas-Rhin Charles Sitzenstuhl, dans un entretien au Figaro, déplorant « une tonalité “ultra Israël” » au sein de l’ex-majorité, « qui ne correspond pas à la ligne du président de la République ».

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