Quand elle est approchée par un chasseur de têtes pour une offre de travail dans un « plus petit groupe », Lucie (les prénoms ont été modifiés) n’oublie jamais le « package de rémunération global » dont elle bénéficie chez Renault. En 2024, l’intéressement et la participation, « ce sera environ deux fois mon salaire net après impôts », explique la jeune femme. Qui n’a pas manqué aussi de participer à un plan d’actionnariat salarié avec des actions à prix décoté. « J’ai sauté sur cette occasion de me faire un peu d’épargne : mes actions Renault achetées en 2022 à 22,02 euros en valent 38 aujourd’hui. »
En annonçant leurs résultats record, les entreprises du CAC 40 ont insisté sur ce « partage de la valeur ». Carrefour a souligné que son 1,66 milliard d’euros de résultat net (+ 23,1 % par rapport à 2022), « fruit du travail et de l’engagement exceptionnel des équipes et des partenaires franchisés », allait lui permettre « de relever significativement son dividende, d’annoncer un nouveau rachat d’actions et d’augmenter une nouvelle fois la participation et l’intéressement des collaborateurs en France ».
Stellantis a communiqué sur le fait que ses salariés étaient « récompensés à hauteur de 1,9 milliard d’euros au niveau mondial », vantant ses programmes de « rémunération variable et de redistribution », et son nouveau « plan d’actionnariat salarié ». TotalEnergies, de son côté, a rappelé ses « mesures en faveur de [ses] collaborateurs », dont « une enveloppe d’augmentation de salaire de 5 % », « une nouvelle prime de partage de la valeur entre 2 000 et 4 000 euros, et un intéressement-participation versé en 2023 de plus de 9 100 euros en moyenne par salarié ».
Quand, après plusieurs années passées chez l’un des sous-traitants d’Airbus, Etienne a pu rentrer chez l’avionneur européen, il n’a pas hésité. D’autant qu’il était mieux payé pour moins de responsabilités, avait dix semaines de vacances, soit trois de plus qu’auparavant, et jouissait de « tous les avantages liés au CSE [comité social et économique] » et au restaurant d’entreprise, avec une prime d’intéressement-participation « sans commune mesure ». « Une année, un calcul des rémunérations “all inclusive” fait par l’entreprise passait mon salaire de 2 700 euros à 3 600 euros net mensuels », raconte-t-il.
« Rien qu’en remboursement du CSE sur nos vacances, en aides pour les tickets de cinéma et de spectacle et en chèques-cadeaux à Noël, j’ai touché de 1 500 à 2 000 euros », a calculé Lucie. Analyste de données chez Michelin, à Clermont-Ferrand, Sarah, elle, se réjouit de bénéficier « d’un salaire parisien en province » et d’une prime variable qui, en 2024, équivaut au triple de son salaire mensuel, mais aussi du « pack mutation » : « Si j’en ai marre de vivre en Auvergne, je peux, sans risque financier ou professionnel, partir pour Paris ou l’étranger. »
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