« C’est vraiment fatigant de devoir tout reconstruire »

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Après l’arrivée de l’ouragan Milton dans la région de Sarasota, à Fort Myers, en Floride, le 9 octobre 2024.

Toute la journée, la Floride a retenu son souffle. L’ouragan Milton a finalement touché terre, mercredi 9 octobre, en début de soirée, sur la côte ouest de l’Etat, près de Siesta Key, à environ 100 kilomètres au sud de Tampa, une métropole où vivent 3,3 millions de personnes. Quinze jours après avoir affronté le passage destructeur et meurtrier de l’ouragan Hélène, la région subissait vents violents, pluies diluviennes et était sous la menace d’inondations soudaines. Dans la soirée, plus de 1,5 million d’habitants étaient privés d’électricité alors que l’ouragan, rétrogradé en catégorie 1 sur 5, se déplaçait vers l’intérieur du territoire pour se diriger vers l’océan Atlantique.

Sur CNN, le téléspectateur assistait à des scènes surréalistes. En direct de Fort Myers ou de St Petersburg, leurs envoyés spéciaux, seuls au milieu de rues désertes fouettées par des pluies battantes, avaient soit les pieds dans l’eau jusqu’aux genoux, soit du mal à tenir debout. Déjà dans l’après-midi, des tornades et de puissants orages, signes avant-coureurs de l’ouragan, avaient commencé à déferler sur le troisième Etat le plus peuplé du pays.

Ces derniers jours, les autorités fédérales et locales ont multiplié les mises en garde et imploré les populations situées dans les zones concernées – soit une cinquantaine de comtés sur les 67 de l’Etat – de quitter leur domicile, entraînant l’une des plus grandes évacuations de l’histoire de la Floride.

Course contre la montre

Les principaux axes routiers de l’Etat ont été pris d’assaut, tout comme les stations-service dont certaines se sont retrouvées à sec. De l’eau, des sacs de sable et des bâches ont été distribués aux habitants et 150 abris ont été ouverts pour accueillir plus de 30 000 personnes, selon les services de l’Etat.

« La Floride est frappée par des ouragans assez fréquemment, elle a de très bons protocoles pour gérer ce genre de situation, rappelle Jeffrey Schlegelmilch, directeur du Centre national de préparation aux catastrophes, qui dépend de l’université de Columbia, à New York. Mais leur travail a été entravé par le fait que, dans le même temps, les gens étaient toujours en train de nettoyer les dégâts causés par l’ouragan Helene. » Une course contre la montre s’est en effet engagée pour tenter de déblayer les impressionnants monticules de débris – meubles, arbres, morceaux de ferraille – laissés par Helene pour éviter qu’ils ne se transforment en projectiles.

Les habitants se demandaient jusqu’où il fallait fuir – ou s’il fallait partir tout court. « Si vous vous trouvez dans une zone où l’on vous conseille d’évacuer, c’est une mauvaise idée de rester », souligne Jeffrey Schlegelmilch. Chez les Croft, décision a été prise de ne pas quitter leur logement de Seminole, dans la baie de Tampa. En tant que radiologue, Tara Kelly-Croft devait être réquisitionnée par l’hôpital de St Petersburg où elle travaille, et son mari et son fils être évacués, mais ses heures de service ont été changées et ils ont finalement décidé de rester. « Pour l’instant, il y a des vents violents et de l’eau dans notre jardin, mais rien d’affolant », décrivait-elle dans l’après-midi. La famille a apposé de larges plaques de bois sur les fenêtres de leur demeure et rentré tous les meubles de jardin à l’intérieur.

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