Ces réfugiés ukrainiens qui construisent leur vie en France

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Un long serpent de tissu jaune et bleu s’étire dans Paris, ce dimanche 24 août. Sur les quelques centaines de mètres qui séparent la place de la République de celle de la Bastille, les couleurs de l’Ukraine sont portées haut par des centaines de marcheurs venus célébrer la fête nationale de ce pays en guerre depuis plus de trois ans. Pour la plupart réfugiés, ils défilent derrière des slogans patriotiques avant d’applaudir un groupe de danseuses en tenue traditionnelle et d’entonner l’hymne national sous la colonne de Juillet. Plus tard, à la nuit tombée, ils observeront ensemble la tour Eiffel s’illuminer de bleu azur et de jaune doré.

Marche organisée à l’occasion du Jour de l’indépendance ukrainienne, à Paris, le 24 août 2025.

Anna Malihon n’a pas raté un seul épisode de ce Jour de l’indépendance. Depuis trois ans qu’elle vit en région parisienne, cette écrivaine ukrainienne bataille avec les mots et les tournures d’ici. Elle s’aide parfois de son smartphone pour traduire sa pensée, raconter sa vie mouvementée depuis qu’elle a quitté Kiev, un mois après le déclenchement de la guerre.

Dès 2014, rappelle-t-elle, les Ukrainiens avaient été invités à préparer une valise d’urgence, un « kit de survie » avec le strict nécessaire pour pouvoir déguerpir au plus vite. Beaucoup ont suivi la consigne. « Pas moi !, dit-elle en souriant. J’étais optimiste, je ne voulais pas croire à la guerre. » Fin mars 2022, elle réunira tout de même quelques affaires, « en dix minutes ». Trois ans plus tard, son kit de survie a pris de l’épaisseur, son barda déborde.

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