

A l’issue d’une visite de l’établissement pénitentiaire de Saint-Quentin-Fallavier, en Isère, mercredi 23 avril, le premier ministre, François Bayrou, a été interrogé sur les déclarations de sa fille, qui a révélé avoir été victime, adolescente, de violences lors d’un camp d’été organisé par la même congrégation que celle à laquelle appartient l’établissement Notre-Dame de Bétharram. « En tant que père de famille, ça me poignarde le cœur (…) Qu’on ne l’ait pas su et que des dérives de cet ordre aient eu lieu, pour moi, c’est presque insupportable », a répondu le premier ministre. François Bayrou a également affirmé que sa fille, Hélène Perlant, ne lui avait « jamais parlé » de violences. Toutefois, « elle n’est pas le centre de l’affaire » et « ce n’est pas une affaire personnelle ». « En tant que responsable public (…), c’est aux victimes que je pense » et « je ne veux pas les abandonner », a-t-il par ailleurs déclaré.
« Les travaux, l’écriture de ma fille sont tout entier centrés autour d’une question : pourquoi est-ce qu’on n’en parle pas ? Pourquoi est-ce que les victimes n’en parlent pas ? J’ai été très, très bouleversé lorsque j’ai reçu pendant des heures la dizaine de garçons qui étaient victimes, de ce que entre eux, ils ne savaient pas que leurs camarades avaient subi les mêmes choses insupportables, brutalités ou pire encore, atteintes sexuelles », a ajouté M. Bayrou.
« Pourquoi est-ce qu’on ne parle pas ? Pourquoi est-ce qu’on ne parle pas dans les affaires de violences intra-familiales ? Pourquoi est-ce qu’on ne parle pas dans les affaires dramatiques d’inceste ? Pourquoi est-ce que les voisins ne voient rien ? Et pourquoi les victimes elles-mêmes ne disent rien ? Je vais vous dire, je pense que les victimes elles-mêmes veulent protéger leurs parents », a-t-il considéré.
Auditionné le 14 mai
La fille aînée de François Bayrou a révélé, mardi, dans une interview à Paris Match, avoir été victime, quand elle avait 14 ans, de violences physiques lors d’un camp d’été organisé par la même congrégation que celle de l’établissement catholique Notre-Dame de Bétharram. Elle a assuré, cependant, ne pas avoir parlé de cette agression à son père. Hélène Perlant témoigne également dans le livre, à paraître jeudi, d’Alain Esquerre, porte-parole des victimes de Bétharram, qui retrace son combat contre le « déni collectif » des violences de l’institution. Ce témoignage, dévoilé dans l’hebdomadaire avant la sortie du livre, « vole un peu la vedette » aux victimes, a regretté mercredi M. Esquerre.
François Bayrou doit être entendu le 14 mai par la commission d’enquête parlementaire née du scandale de Bétharram. « Je ne dis depuis le premier jour que ce que je sais de cette affaire, que la vérité de ce que je découvre et je n’ai, de ce point de vue là, aucun problème à répondre », a dit le premier ministre, interrogé sur cette convocation. Plus tôt dans le mois, un ancien gendarme et un ancien juge qui ont enquêté sur la première plainte pour viol ayant visé un religieux de cet établissement scolaire catholique du Béarn ont fait savoir que François Bayrou était intervenu dans cette affaire. Des propos fermement démentis par le premier ministre.
L’actuel maire de Pau et ancien député et président du conseil départemental des Pyrénées-Atlantiques nie plus largement avoir eu connaissance, dans le passé, des agressions physiques et sexuelles dénoncées aujourd’hui par deux cents anciens élèves de l’établissement.