Bruno Retailleau, le nouveau ministre de l’intérieur, incarnation d’une droite conservatrice

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Bruno Retailleau, à Paris, le 19 septembre 2024.

Même ses détracteurs l’admettent, Bruno Retailleau est un homme cultivé, curieux et d’une courtoisie rare. Alors quand le nouveau ministre de l’intérieur porte le fer, il le fait avec une élégance presque désuète. Avril 2017, le directeur de campagne de François Fillon débat face au candidat Emmanuel Macron, sur France 2, et compare son « en même temps » au vol en zigzag des bécassines à travers une anecdote de chasse chère à son grand-père : « Il me disait toujours que quand la bécassine partait dans le zig, il fallait tirer dans le zag. »

Sans fusil mais avec des mots toujours choisis, le président du groupe Les Républicains (LR) au Sénat a beaucoup tiré sur ce « nouveau monde », lui, l’homme de droite assumé. « Quand on mélange serviettes et torchons, au bout du compte, cela forme une impuissance. Cela sclérose la France et la conduit dans le mur », dénonçait-il encore en juillet.

Lundi, Bruno Retailleau va pourtant occuper la même table, au conseil des ministres, qu’une macroniste de la première heure comme Astrid Panosyan-Bouvet (travail), un transfuge de LR honni par son ancien camp comme Sébatien Lecornu (armées) ou encore apprendre à travailler avec l’ancien socialiste Didier Migaud pour former un duo justice-intérieur très « en même temps ».

La gauche s’étrangle

A 63 ans, il était difficile de rester sur le quai à regarder passer ce train ministériel manqué en 2017, avec la défaite de François Fillon. « La France est passée à côté d’un grand président », dit-il. Vendredi, M. Retailleau officialise la nouvelle devant son groupe au Palais du Luxembourg. « Il s’agit d’une question de responsabilité. » La sienne est « d’aider un premier ministre qui vient de notre famille ».

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Avec son arrivée à Beauvau, la gauche s’étrangle. « Sa nomination est un coup de barre à droite toute, un ministre réactionnaire au sens propre du terme, qui plus est placé sous la coupe et la surveillance du Rassemblement national », dénonce Roger Vicot, député PS du Nord et spécialiste des questions de sécurité. « C’est le retour de la vieille droite française », souffle, de son côté, Ludovic Mendes, député Renaissance de Moselle, au micro de BFM-TV.

Catholique, père de trois enfants, ce diplômé de Sciences Po Paris a été membre du Mouvement pour la France (MPF) de Philippe de Villiers. Député de 1994 à 1997, il rejoint l’UMP en 2010, à la suite de sa brouille avec le créateur du Puy-du-Fou (il a participé pendant des années à la Cinéscénie comme cavalier). A l’UMP, puis chez LR, Bruno Retailleau a longtemps été vu comme une pièce rapportée, un cousin de campagne éloigné, avant de gagner la confiance de François Fillon et d’incarner l’aile conservatrice du parti, celle de la Manif pour tous. Opposé au mariage homosexuel, le Vendéen a également voté contre la constitutionnalisation de l’IVG, en mars.

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