C’est au tour du mastodonte Booking.com d’être dans le viseur de la Commission européenne. A l’instar des géants du numérique Amazon ou Alphabet (Google), la plate-forme néerlandaise de réservations touristiques s’est, elle aussi, vu imposer, lundi 13 mai, le nouveau règlement communautaire sur les marchés numériques (Digital Markets Act, DMA), visant à parer aux pratiques anticoncurrentielles.
A la lecture de certains éléments sur sa taille de marché, fournis par l’entreprise, en mars dernier, Bruxelles a établi qu’elle remplissait les critères la faisant entrer dans la catégorie des « contrôleurs d’accès » d’Internet. Booking.com, utilisée par 10 % au moins de la clientèle européenne, dispose donc d’une capitalisation boursière supérieure à 75 milliards d’euros et d’un chiffre d’affaires annuel de l’ordre de 7,5 milliards d’euros.
« L’entreprise a désormais six mois pour nous soumettre un rapport dans lequel elle devra décrire tous les changements à mener en vue d’être en conformité avec ce règlement », affirme une porte-parole de la Commission européenne. Elle devra, par exemple, veiller à ce que les établissements qu’elle héberge sur son site puissent avoir un accès direct aux clients, notamment à leur mail, qui ont réservé par le biais de la plate-forme. De ce fait, « l’hôtel pourra promouvoir ses offres en dehors de Booking.com, en contactant directement ses consommateurs, détaille cette même source. Tout cela, dans le but de rendre les hôtels moins dépendants de la plate-forme pour atteindre leur clientèle. »
« Pratiques déloyales »
Par ailleurs, Booking.com se doit déjà d’informer Bruxelles de tout projet de fusion ou d’acquisition. En 2023, la Commission européenne avait, d’ailleurs, bloqué le rachat, que le groupe avait envisagé, d’Etraveli, une entreprise spécialisée dans la réservation de vols en ligne, en vertu d’un autre règlement européen sur le contrôle des concentrations.
Du côté des associations hôtelières européennes et françaises, le fait que Booking.com soit soumis à ces exigences va dans le bon sens. « La Confédération des acteurs du tourisme soutient fortement cette désignation officielle, car les hôteliers français et européens sont encore confrontés à trop de pratiques commerciales déloyales de la part de Booking.com », assure Jean-Virgile Crance, son président. Il pointe les « manœuvres afin d’empêcher les hôtels d’offrir de meilleurs prix sur leurs propres canaux de distribution que sur la plate-forme Booking.com », le « non-partage de données relatives aux clients qui seront reçus dans l’établissement » ou encore « l’opacité des campagnes et produits marketing ».
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