Des audiences devant un juge des libertés et de la détention (JLD) débuteront dimanche 24 décembre pour maintenir « si nécessaire » dans l’aéroport de Vatry (Marne) des passagers indiens susceptibles d’être victimes de traite d’êtres humains, dont le vol est immobilisé depuis jeudi, a fait savoir, samedi, la préfecture de la Marne à l’Agence France-Presse (AFP).
Les 303 passagers, tous de nationalité indienne, demeurent depuis jeudi soir au sein du hall d’accueil de l’aéroport, transformé par arrêté préfectoral en zone d’attente pour étrangers. Leur maintien par la police aux frontières ne peut durer que quatre jours, mais un JLD peut prolonger la durée du placement de huit jours puis, à titre exceptionnel, de huit jours supplémentaires.
Les audiences devraient débuter à 9 heures et se poursuivre jusqu’à lundi, a affirmé à l’AFP le bâtonnier de Reims, Me Pascal Guillaume.
Deux gardes à vue prolongées
Deux gardes à vue commencées vendredi ont par ailleurs « été prolongées samedi soir, pour une durée maximale de 48 heures », a dit le parquet de Paris à l’AFP, « afin de vérifier » si le rôle de ces deux personnes « a pu être différent de celui des autres dans ce transport, et dans quelles conditions et avec quel objectif ».
L’avion immobilisé, un Airbus A340 de la compagnie roumaine Legend Airlines entièrement blanc et sans le nom d’aucune compagnie, devait initialement relier Dubaï (Emirats arabes unis) à Managua, capitale du Nicaragua. Mais ce qui ne devait être qu’une escale technique sur la piste du petit aéroport de Vatry (Marne), à 150 kilomètres à l’est de Paris, s’est transformée depuis jeudi après-midi en longue immobilisation, après un « signalement anonyme » selon lequel des passagers étaient « susceptibles d’être victimes de traite des êtres humains » en bande organisée, a précisé vendredi le parquet de Paris.
Selon cette même source, onze mineurs non accompagnés figurent parmi les passagers. Les majeurs ont pour leur part tous été entendus. Dix passagers avaient déposé une demande d’asile en fin d’après-midi, a affirmé une source proche du dossier. Six mineurs non accompagnés ont exprimé le souhait de déposer une demande, a fait savoir à l’AFP Me Aurore Opyrchal, mandatée par le barreau de Châlons-en-Champagne pour en représenter certains.
La compagnie compte se porter partie civile ou porter plainte
Selon une source proche du dossier, les passagers indiens, probablement des travailleurs aux Emirats arabes unis, pourraient avoir planifié de se rendre en Amérique centrale afin de tenter ensuite d’entrer illégalement aux Etats-Unis ou au Canada. L’enquête, menée par la Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée (Junalco), vise à « vérifier si des éléments viendraient corroborer » les soupçons de traite d’êtres humains, selon le parquet.
Les trente membres d’équipage concernés soit par la liaison Dubaï-Vatry, soit par le trajet Vatry-Managua, ont été « autorisés à repartir librement », a assuré à l’AFP Liliana Bakayoko, qui se présente comme l’avocate de la compagnie aérienne. Legend Airlines « n’a effectué que quelques vols sur ce trajet, toujours pour le même client » non européen, a-t-elle ajouté, précisant que l’entreprise compte « se porter partie civile si des poursuites sont initiées par le ministère public, ou porter plainte » dans le cas contraire. L’ambassade d’Inde en France a dit samedi, sur X, travailler à « une résolution rapide de la situation ».
Des bâches ont été installées devant les baies vitrées du hall d’accueil de l’aéroport, ainsi que sur les bâtiments administratifs. Des lits individuels ont été mis à disposition des passagers, ainsi que des toilettes et des douches, explique la préfecture, qui précise qu’une « zone “famille” pour assurer l’intimité parent-enfant » a été déployée. « Trois repas par jour [sont] assurés par les services de l’Etat », ajoute-t-elle.
D’après le site spécialisé Flightradar, Legend Airlines est une petite compagnie dont la flotte est composée de quatre avions, dont deux A340-313. L’aéroport de Vatry a, lui, accueilli 62 000 passagers en 2022, essentiellement via des compagnies low cost, selon l’Union des aéroports français.