Avec Nigel Farage, l’extrême droite s’impose en principal adversaire du gouvernement britannique

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Voilà plus de deux décennies que Nigel Farage, le chef de file du parti d’extrême droite Reform UK, fascine les médias britanniques. Ils se délectent de ses propos sans filtre sur les migrants et de ses poses, cigare au bec, pinte de bière à la main et chaussettes « Union Jack » aux pieds. Mais, jusqu’à présent, ce nationaliste old school qu’ils ont baptisé « Mr Brexit », pour avoir été le premier à s’en faire l’avocat, passait pour l’éternel poil à gratter de la politique britannique. Il irritait les travaillistes et, surtout, les conservateurs, qui redoutaient qu’il divise leur électorat, mais personne ne le prenait vraiment au sérieux.

Ce n’est absolument plus le cas. Depuis le début de l’année, Reform UK s’est hissé en tête des sondages et creuse désormais l’écart avec les deux partis de gouvernement, qui ont dominé la vie politique des cent dernières années. Selon une étude publiée par l’institut YouGov, mardi 20 mai, 29 % des personnes interrogées se disent prêtes à voter pour le parti de Nigel Farage, fondé en 2018 sous le nom de Brexit Party – lui-même issu du Parti pour l’indépendance du Royaume-Uni (UKIP) – avant d’être rebaptisé en 2021, contre seulement 22 % pour le Labour. Les conservateurs ne figurent qu’à la 4e place, avec 16 % des personnes interrogées, pour la première fois derrière le Parti des démocrates libéraux (17 % d’intentions de vote).

Résultat : si Reform UK ne compte que cinq députés au Parlement britannique (sur un total de 650), c’est désormais Nigel Farage, 61 ans, qui fait figure de principal opposant à Keir Starmer, même si c’est encore Kemi Badenoch, la cheffe de file des conservateurs, qui se tient à la despatch box, au centre de la Chambre des communes, chaque mercredi, pour la traditionnelle séance des « questions au premier ministre ».

La fin d’une exception

Ce nouveau statut de prime minister in waiting (« premier ministre en devenir »), alors que les prochaines élections législatives ne sont cependant pas prévues avant 2029, a été confirmé par les résultats des élections locales du 1er mai. Reform UK y a gagné un poste de député supplémentaire, deux postes de maires régionaux et engrangé 677 conseillers municipaux, lui permettant de contrôler dix autorités locales, pour la première fois dans l’histoire de l’extrême droite au Royaume-Uni.

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