Avec l’augmentation du déficit public, la gauche espère la fin du tabou des hausses d’impôts

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Fabien Roussel, le secrétaire national du Parti communiste français et député du Nord, à l’Assemblée nationale, le 19 mars 2024.

« C’est gravissime, du jamais-vu en dehors des périodes de crise », tonne le sénateur socialiste de Haute-Garonne Claude Raynal, concernant le dérapage du déficit public à 5,5 % en 2023, sur fond de ralentissement de la croissance et de baisse des recettes fiscales. Pour le président de la commission des finances du Sénat, la France est désormais dans une « impasse budgétaire ». Impasse qui, espère-t-il, doit amener le gouvernement à reconnaître des erreurs et poser, enfin, la question des recettes fiscales.

A gauche, tous ont regardé attentivement l’émergence d’un débat sur l’opportunité de la taxation des superprofits au sein même de la majorité. Lors d’une réunion, mardi 26 mars, la députée socialiste du Puy-de-Dôme Christine Pirès Beaune a félicité Yaël Braun-Pivet pour sa prise de position pour la fin du « tabou » des hausses d’impôt. Sur BFM-TV, la présidente de l’Assemblée nationale a appelé, lundi, à « regarder toutes les options et envisager des recettes exceptionnelles ». Pour Mme Pirès Beaune, « le gouvernement va devoir sortir les rames, si, y compris dans leur propre majorité, ils sont de plus en plus nombreux à réclamer cela, ils ne sont pas à l’abri d’une motion de censure en cas de projet de loi de finances rectificative, à moins de gouverner par décret et par ordonnance ».

Du côté de La France insoumise (LFI), un même optimisme prévaut. Le président LFI de la commission des finances de l’Assemblée nationale, Eric Coquerel, promet de se rapprocher de cette aile gauche qui parle de taxer temporairement les superprofits : « Il y a une majorité à l’Assemblée pour permettre de passer de telles mesures… n’en déplaise à Bruno Le Maire [le ministre de l’économie] », a-t-il estimé, mardi, lors d’une conférence de presse. Dans la même phrase, le député de Seine-Saint-Denis reconnaissait que réduire les déficits « n’est pas pour nous l’urgence ». Mais l’état des finances publiques et la menace, flottante pour le moment, de ponctionner les dépenses sociales fournissent à la gauche une occasion de décocher ses flèches.

« Cadeaux fiscaux »

Certains y vont de leur punchline, comme Fabien Roussel, le secrétaire national du Parti communiste français, qui dénonçait, lundi, un gouvernement d’« escrocs en col blanc », sur TF1. Ou Marine Tondelier, numéro un des Verts, sur Franceinfo, pour qui, « si on taxait les superprofits, on pourrait foutre la paix aux Français, et protéger l’environnement ». Sur son blog, Jean-Luc Mélenchon rejoue un duel qui remonte à 2022 avec Bruno Le Maire, ou plutôt « Bruno Pinocchio », comme il l’appelle. Le leader de LFI accuse ce dernier de vouloir augmenter la TVA, « la [taxe] plus dégueulasse de toutes », selon lui, « celle que le pauvre paie au même niveau que le riche », commentant un extrait du dernier livre du ministre, La Voie française (Flammarion, 160 pages, 15 euros).

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