avec Jean-Yves Le Drian, l’agence française Afalula change de cap à pas feutrés

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Jean-Yves  Le Drian, alors ministre des affaires étrangères, et son homologue saoudien, le prince Fayçal Ben Farhan Al Saoud, à Riyad,  le 3 octobre 2021.

Nommé en juillet 2023 à la tête d’Afalula, l’agence française qui copilote le développement du site d’Al-Ula, Jean-Yves Le Drian, 77 ans, bute parfois sur le nom des villages qui composent cette vaste nécropole nabatéenne, située dans le nord-ouest de l’Arabie saoudite. Mais ce poids lourd de la politique, qui a passé dix ans à façonner l’influence française dans le monde, d’abord comme ministre de la défense sous François Hollande, puis aux affaires étrangères au côté d’Emmanuel Macron, lequel l’a nommé, en juin 2023, « émissaire spécial » au Liban – une question qu’il n’a pas voulu évoquer lors de notre rencontre –, n’ignore rien des enjeux qui se trament dans ce décor de carte postale.

L’ancien chef de la diplomatie était aux premières loges lors de la signature, en 2018, de l’accord bilatéral entre l’Arabie saoudite et la France pour le développement d’Al-Ula. Ce projet s’inscrit dans le programme de réformes Vision 2030, porté par le prince héritier Mohammed Ben Salman, alias « MBS », qui, en revendiquant l’histoire préislamique du royaume, jusque-là effacée des manuels, veut écrire un autre roman national. En transformant le complexe archéologique d’Al-Ula en phare de la culture et du tourisme, avec musées, festivals, résidence d’artistes, hôtels, tramway, etc., la couronne saoudienne espère surtout réhabiliter son image, abîmée par un bilan désastreux en matière de droits humains et une répression généralisée, qui a culminé en 2018 dans l’assassinat atroce du journaliste Jamal Khashoggi.

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Six mois avant la signature du traité, le royaume wahhabite avait déjà mis en place la Royal Commission for AlUla (RCU), pour piloter le chantier de développement. A la création d’Afalula, une agence française 100 % financée par l’argent saoudien et dirigée alors par l’ancien patron d’Engie Gérard Mestrallet, les deux structures ont été sommées de travailler main dans la main. Sur le papier, le mariage paraît sans accrocs. En février 2023, Afalula, dont le luxueux siège parisien se situe à quelques mètres de l’ambassade de l’Arabie saoudite en France, a même vu sa dotation annuelle doubler, pour atteindre 60 millions d’euros.

Bascule politique et diplomatique

En coulisses, toutefois, les relations se sont tendues avec la multitude de consultants anglo-saxons qui noyautent la RCU, ainsi qu’avec son ex-président, Amr Al-Madani, arrêté en janvier pour des affaires de détournement de fonds. En France, comme en Arabie saoudite, beaucoup s’interrogent sur l’utilité, pis, la crédibilité d’un outil qui craint désormais pour sa survie. « Afalula a fini par ronronner. Elle est devenue une agence de voyages pour les acteurs français en quête de contrats, sans peser sur les relations franco-saoudiennes », tranche un familier des dossiers saoudiens.

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