Aux Pays-Bas, la fin de six années de procès pour la terrible « Mocro maffia »

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Le « Bunker », tribunal très sécurisé d’Amsterdam, le 28 octobre 2022, pour la suite du « procès Marengo » dans lequel le principal suspect était Ridouan Taghi.

Il était absent du « Bunker », l’aile ultra-sécurisée du tribunal d’Amsterdam, mardi 27 février, pour s’entendre condamné à la réclusion à perpétuité. Ridouan Taghi, le dirigeant de l’organisation criminelle « Mocro maffia », avait choisi de ne pas assister à la fin d’un procès qui aura tenu les Pays-Bas en haleine pendant près de six ans. Au total, 142 audiences auront eu lieu depuis l’ouverture formelle des débats, en 2018. Lorsqu’il décidait d’être présent, le mafieux d’origine marocaine, âgé de 46 ans, était transporté par hélicoptère par une unité d’élite de la police afin de prévenir toute tentative d’évasion.

Outre Taghi, seize prévenus avaient à répondre de sept meurtres, quatre tentatives de meurtre et de nombreux autres projets criminels liés aux activités de la « Mocro », un groupe tentaculaire spécialisé dans le trafic de cocaïne et de drogues de synthèse, actif aux Pays-Bas, en Belgique et en Espagne, en relation également avec des cartels sud-américains. Son chef a « semé la violence et la terreur », ont estimé les juges.

Les trois procureurs avaient réclamé la détention à vie pour cinq des principaux adjoints de Taghi. Le tribunal n’a finalement infligé cette peine qu’à deux d’entre eux, Saïd Razzouki, extradé depuis la Colombie en 2021, et Mario R. Les autres prévenus ont écopé de peines allant d’un an et huit mois à vingt-neuf années de réclusion.

Assassinats téléguidés

Mis à part Taghi, le personnage central de l’affaire aura été Nabil Bakkali, un ancien membre de la bande qui a écopé de dix années de détention. Repenti et témoin clé, il avait, en 2017, été impliqué dans une exécution commanditée par la « Mocro » à Utrecht. Ses complices s’étaient trompés de cible et avaient tué l’un de ses proches. Il décidait alors de livrer des informations à la police. C’était le début du dossier baptisé « Marengo » et d’aveux qui, combinés au décryptage des messages de téléphones mobiles, allaient fournir une grande quantité de preuves sur le fonctionnement de la « Mocro ».

En mars 2018, Redouan Bakkali était tué, moins d’une semaine après que la justice avait révélé l’identité de son frère : la « Mocro » était fidèle à sa devise, « Wie praat, die gaat » (Celui qui parle mourra). Derk Wiersum, l’avocat de Nabil Bakkali, était, lui, abattu devant son domicile, à Amsterdam, en septembre 2019. Et, en juillet 2021, c’est Peter R. de Vries, un célèbre journaliste devenu le confident et le conseiller du repenti, qui tombait sous les balles de deux tueurs, en plein centre d’Amsterdam.

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