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Dans le Midwest, Springfield est une petite ville entourée de champs de maïs figés dans le givre, comme tant d’autres. Mais cette Sprinfield-là, dans l’Ohio – on en compte une soixantaine aux Etats-Unis –, reste prisonnière de l’ouragan déclenché par Donald Trump. Le 10 septembre 2024, le candidat républicain avait asséné que les Haïtiens de Springfield mangeaient chiens et chats. Message reçu par ses partisans : avec Trump à la Maison Blanche, les gens venus d’ailleurs ne seront plus les bienvenus aux Etats-Unis. Le premier à avoir relayé cette fake news piochée sur Facebook, J. D. Vance, natif de l’Ohio, aujourd’hui vice-président des Etats-Unis, avait cyniquement revendiqué sur CNN « créer des histoires » pour que les médias « fassent vraiment attention aux souffrances du peuple américain ».
Six mois plus tard, les médias ont disparu, les alertes à la bombe ne paralysent plus la ville, les groupuscules de suprémacistes blancs ont cessé, pour l’instant, leurs défilés en armes… Mais l’histoire inventée de toutes pièces a imprimé les mémoires de la région. La souffrance reste. Pire, l’incertitude. Alors que Donald Trump a promis des « expulsions massives » de migrants, Springfield pourrait tenir lieu de théâtre à ces opérations de police spectaculaires.
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