Si le président des Etats-Unis, Joe Biden, et son parti ont choisi Chicago comme lieu d’accueil de la convention démocrate de l’été 2024 (du 19 au 22 août), c’est parce que c’est à la fois la ville où Barack Obama a été travailleur social et celle des combats sociaux de Martin Luther King à partir de 1966, mais aussi le berceau de l’anarchisme et du syndicalisme, au XIXe siècle. Les entreprises, cependant, quittent la cité. La raison ? Trop de crimes et d’impôts.
« Big Business » cherche des cieux plus favorables. Ainsi, en 2022, Boeing a transféré son siège à Arlington (Virginie), juste en face de Washington et à côté du Pentagone, qui lui fournit de nombreux contrats militaires. La même année, Caterpillar, le géant mondial des véhicules de construction, s’est déplacé jusqu’à Dallas (Texas), où la fiscalité est plus avantageuse.
En 2023, cela a été au tour de Citadel, l’entreprise fondée par le génie de la finance Kenneth Griffin, de plier bagage, pour la Floride. Et, en 2024, l’éditeur de logiciels Salesforce a décidé de sous-louer 13 000 des 46 000 mètres carrés qu’il occupait. Résultat, la ville où fut bâti le premier gratte-ciel, en 1885, redoute de devenir une cité fantôme.
Le taux de vacance des immeubles de bureaux s’est envolé à 16,2 %, contre 11,9 % début 2020, selon les chiffres du groupe CoStar. La capitale du Midwest n’est pas la seule à être touchée par la désertion des bureaux que provoque le télétravail, mais elle est franchement mal en point, la moyenne nationale de vacance n’étant « que » de 13,8 %.
Favoriser le développement économique
D’après la firme KBRA Analytics, les trois quarts des prêts hypothécaires titrisés (cotés en Bourse) de Chicago sont en risque de défaut, soit le plus haut niveau du pays, rapporte le Wall Street Journal, lequel ajoute que des locaux ont été vendus pour une valeur quatre fois moindre que leur estimation la plus élevée. Un immeuble de dix étages situé près de la Willis Tower, qui a longtemps été le gratte-ciel le plus élevé du monde, a été bradé en janvier pour 2,5 millions de dollars (2,3 millions d’euros), alors qu’il avait été acheté 22,3 millions de dollars en 2013.
L’actuel maire de la ville, Brandon Johnson, ancien salarié du syndicat radical des enseignants, le Chicago Teachers Union, avait été élu en 2023 sur un mandat très à gauche et s’était dit soucieux de faire payer les entreprises. Il essaie à présent de renverser la vapeur comme d’autres maires progressistes, en particulier celle de San Francisco, London Breed.
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