« Aux Etats-Unis, le capitalisme de monopole provoque sous-investissement et concentration de la richesse »

3206


Les mutations du capitalisme américain sont très importantes à étudier, car l’Europe finit toujours, avec quelques années de retard, par adopter les mêmes orientations. Or, depuis les années 1960, le capitalisme américain a connu trois grandes métamorphoses : un capitalisme redistributif dans les années 1960-1970, un capitalisme néolibéral dans les années 1980-1990 et, depuis le début des années 2000, un capitalisme de monopole.

La première étape pour le capitalisme américain se situe donc dans les années 1960 et 1970. Ces années sont caractérisées, premièrement, par une faible déformation du partage des revenus en faveur des entreprises, deuxièmement, par un poids relativement élevé des dépenses publiques et de la fiscalité. La pression fiscale est en moyenne de 26 % du produit intérieur brut, alors qu’elle tombe à 24,5 % dans la période suivante, et le taux marginal, le plus haut, de l’impôt sur le revenu ne passe jamais au-dessous de 70 %.

Troisièmement, les années 1960 et 1970 sont caractérisées par des inégalités de revenu assez faibles. A la fin des années 1970, l’indice de Gini des inégalités de revenu est de 0,33 contre 0,37 fin 1980, 0,41 à la fin des années 1990 et 0,42 aujourd’hui. Rappelons que plus l’indice de Gini est élevé, plus les inégalités sont fortes. Et, quatrièmement, les années 1960 et 1970 sont caractérisées par des inégalités de patrimoine assez faibles. A la fin des années 1970, les 1 % d’individus les plus riches détiennent 22 % de la richesse nationale des Etats-Unis. Durant cette période s’épanouit un capitalisme plutôt redistributif et peu inégalitaire aux Etats-Unis.

La seconde étape pour le capitalisme américain débute avec l’arrivée au pouvoir, en 1981, de Ronald Reagan, qui dérégule de nombreux secteurs d’activité (le transport aérien, les télécommunications…), met en place des règles strictes de contrôle de la concurrence (un antitrust sévère) et baisse les impôts, en particulier le taux d’imposition sur les revenus des ménages (qui passe de 70 % à 50 % en 1985, puis à 28 % en 1988). Cette politique de capitalisme néolibéral entraîne une forte distorsion dans la répartition des revenus, au détriment des salariés, ainsi qu’une forte hausse des inégalités de revenu et de patrimoine, avec, en contrepartie, un dynamisme économique et entrepreneurial accru.

Il vous reste 60.34% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.



Source link