Aurore Bergé à nouveau entendue par les juges pour faux témoignage

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La ministre Aurore Bergé à Matignon le 13 octobre 2025.

La ministre Aurore Bergé, soupçonnée d’avoir menti sous serment sur ses liens avec une lobbyiste des crèches privées, a été réentendue sous le statut de témoin assisté dans l’enquête qui la vise à la Cour de justice de la République (CJR) pour « faux témoignage », a appris vendredi 24 octobre l’Agence France-Presse (AFP) de sources proches du dossier. Déjà entendue une première fois le 12 juin, Mme Bergé, porte-parole du gouvernement et ministre déléguée chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes et des discriminations, l’a été à nouveau le 9 octobre, selon l’une de ces sources.

« A l’issue de sa deuxième audition, Mme Aurore Bergé a de nouveau été placée sous le statut de témoin assisté », a fait savoir son avocate, Jade Dousselin, dans un communiqué à l’AFP. « Je rappelle qu’elle a toujours fermement contesté les faits qui lui étaient reprochés et qu’elle a déposé une plainte en diffamation contre le livre de M. Victor Castanet », le journaliste à l’origine de cette affaire, a ajouté l’avocate.

Des députés de La France insoumise et du groupe Ecologiste et social soupçonnent la ministre d’avoir menti devant une commission d’enquête parlementaire sur le modèle économique des crèches. Auditionnée par cette commission le 30 avril 2024, Aurore Bergé, alors ministre en charge de l’égalité, avait affirmé sous serment n’avoir aucun lien « personnel, intime ou amical, ni d’accointances » avec la déléguée générale de la Fédération française des entreprises de crèches (FFEC), Elsa Hervy.

« Pacte de non-agression »

Dans son livre Les Ogres, paru en septembre 2024, sur les dérives de certains groupes privés, le journaliste Victor Castanet évoquait pourtant un « pacte de non-agression » qui aurait été conclu entre Mme Bergé, alors ministre des familles – de juillet 2023 à janvier 2024 – et cette lobbyiste. Aurore Bergé avait annoncé, en octobre 2024, avoir déposé plainte pour diffamation contre Victor Castanet après la publication de l’ouvrage.

En réponse, le journaliste avait rendu publics des documents attestant, selon lui, d’« une entente entre Aurore Bergé et Elsa Hervy ». L’un de ces documents est un courriel adressé le 8 août 2023 par la ministre à sa directrice de cabinet, où elle dit à propos de Mme Hervy : « C’est surtout une copine 🙂 Elle sera très aidante avec moi. »

Selon une autre source proche du dossier, l’information judiciaire se poursuit, notamment dans l’attente de l’exploitation de supports numériques saisis. Les gendarmes de la section de recherches de Paris et trois magistrats de la CJR cherchent à déterminer si Mme Bergé et la lobbyiste, Elsa Hervy, ont une relation particulière, qui aurait pu être sciemment cachée par la ministre. L’information judiciaire a été ouverte à la fin de janvier après un signalement du bureau de l’Assemblée nationale. Elsa Hervy a été auditionnée au moins deux fois, comme témoin simple, selon une source judiciaire.

Albane Lancrenon, conseil de la FFEC et d’Elsa Hervy, a assuré à l’AFP que « cette dernière n’a jamais entretenu de relation personnelle, intime ou amicale avec Aurore Bergé et que leurs échanges sont toujours restés strictement professionnels ». « Il est sain pour les ministres d’écouter aussi les acteurs de terrain. Il nous est arrivé d’échanger directement, comme la ministre l’a fait avec d’autres acteurs, mais je n’ai passé aucun pacte. Ça n’existera jamais », avait précédemment déclaré sa cliente. La FFEC et Elsa Hervy ont elles aussi porté plainte en diffamation contre Victor Castanet.

Le Monde avec AFP

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