L’Organisation des Nations unies (ONU), par la voix du porte-parole de son secrétaire général, Antonio Guterres, a confirmé, vendredi 7 juin, que onze de ses employés étaient « détenus » par les rebelles houthistes au Yémen et a demandé leur libération « sans condition ».
Stéphane Dujarric a précisé que des « clarifications » avaient été réclamées aux houthistes sur les circonstances et les conditions de leur détention. « Nous explorons tous les canaux possibles afin de favoriser la libération sans condition de toutes ces personnes aussi vite que possible », a-t-il fait savoir à des journalistes. Les houthistes n’ont pas fait de commentaires à ce stade.
Selon l’organisation yéménite de défense des droits humains Mayyun, au moins dix-huit Yéménites ont par ailleurs été enlevés jeudi par des services de sécurité dans quatre régions contrôlées par les insurgés. Les houthistes « ont attaqué les maisons et kidnappé des membres du personnel des Nations unies et d’autres organisations internationales », a affirmé Mayyun. Cette « grave escalade (…) constitue une violation des privilèges et de l’immunité du personnel des Nations unies », a ajouté l’ONG, en dénonçant « un chantage visant à obtenir des gains politiques et économiques ». Les enlèvements se sont produits de manière « simultanée » à Sanaa, dans la ville portuaire de Hodeïda ainsi qu’à Amran et à Saada, bastion traditionnel des rebelles, a rapporté l’organisation.
« Grave escalade »
Ces rebelles se sont emparés de la capitale Sanaa en 2014, entraînant l’intervention l’année suivante d’une coalition militaire dirigée par l’Arabie saoudite en soutien au gouvernement reconnu par la communauté internationale. Le conflit a fait des centaines de milliers de morts et plongé le Yémen, pays le plus pauvre de la péninsule Arabique, dans l’une des pires crises humanitaires au monde. Dans un communiqué publié sur X, le ministre de l’information yéménite, Moammar Al-Eryani, a déploré une « escalade sans précédent et une violation flagrante des lois et des conventions internationales ».
Depuis le début de la guerre, les houthistes ont enlevé, détenu arbitrairement et torturé des centaines de civils, y compris des employés de l’ONU et d’ONG. L’année dernière, l’ONG britannique Save the Children a suspendu ses opérations pour dix jours dans les zones sous leur contrôle après la mort d’un de ses employés détenu à Sanaa. Un employé du Programme alimentaire mondial des Nations unies avait également été tué par des hommes armés dans la province de Taëz, dans le Sud.