Au Tchad, le président Déby radie plusieurs hauts gradés sur fond de dissensions sur la guerre au Soudan

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Le président tchadien, Mahamat Idriss Déby, à N’Djamena, le 23 mai 2024.

Sur fond de dissensions sur le conflit au Soudan, le président tchadien, Mahamat Idriss Déby, a radié pour faute grave une dizaine d’officiers des forces de sécurité et de défense, la plupart issus des Zaghawa, l’ethnie au pouvoir. Neuf militaires hauts gradés ont été rétrogradés, dimanche 13 avril, et « radiés du contrôle des effectifs des forces de défense et de sécurité pour faute grave », et trois policiers révoqués pour le même motif, annoncent plusieurs décrets publiés lundi et signés par le président Déby, sans plus de précisions sur les circonstances.

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Jeudi, le général d’armée Abdelrahim Bahar Mahamat Itno, cousin du président Déby, avait lui aussi été rétrogradé et radié pour « faute grave », selon un autre décret. Cet ancien chef de la sécurité présidentielle, ex-chef d’état-major des armées et membre influent de la famille présidentielle, a récemment fait des déclarations virulentes contre le régime du président Déby dans des groupes communautaires en langue zaghawa. Les relations demeurent particulièrement tendues au sein de la famille Déby et plus généralement au sein du clan zaghawa, dont elle est issue. Cette ethnie minoritaire, présente dans le nord et l’est du Tchad, règne sans partage sur le pays depuis 1990.

Au Soudan voisin, la guerre entre l’armée, dirigée par le général Abdel Fattah Al-Bourhane, et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), menés par son ancien allié, le général Mohammed Hamdan Daglo, nourrit les tensions au sein du clan. Le président Déby a été plusieurs fois accusé de livrer des armes aux FSR pour le compte des Emirats arabes unis, ce qu’il a toujours démenti. En même temps, certains Zaghawa du Tchad se sont engagés dans le camp adverse, avec les Zaghawa du Soudan, qui prêtent main-forte au général Al-Bourhane.

La présence à El-Fasher, dans le sud-ouest du Soudan, d’une rébellion zaghawa dirigée par Ousman Dillo, le frère cadet de l’opposant tchadien Yaya Dillo Djérou, tué par l’armée tchadienne en 2024, est le principal sujet d’inquiétude de N’Djamena. En février 2008, une rébellion de Zaghawa basés au Soudan avait lancé une offensive éclair au Tchad avec d’autres groupes, contraignant l’ancien président Idriss Déby Itno, le père de l’actuel président, à se réfugier dans son palais présidentiel avant de réussir à repousser les rebelles avec le soutien décisif de l’armée française. A sa mort, en 2021, son fils a été proclamé par l’armée président de transition, à la tête d’une junte de quinze généraux, puis légitimé par les urnes en 2024.

La guerre en cours depuis deux ans jour pour jour au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, déplacé plus de 11 millions de personnes et créé des risques de famine généralisée dans ce que l’Orgaisation des Nations unies considère comme la pire crise humanitaire récente.

Le Monde avec AFP



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